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LA PLANÈTE MARS.

donnée, à la pression à laquelle ce gaz est soumis, est de l’ordre de 0µ,1 pour l’oxygène à 0° et sous la pression atmosphérique normale.

Le nombre des chocs qu’une molécule subit par seconde est, dans les mêmes conditions, de l’ordre de quelques milliards.

Ces nombres doivent être rapprochés de celui qui exprime les grandeurs moléculaires ou plutôt les distances des molécules, d’où se déduit immédiatement le nombre des molécules contenues dans l’unité de volume d’un gaz. À 0°, et sous la pression atmosphérique normale, ce nombre est de l’ordre de 1023 pour tous les gaz.

Pour l’hydrogène et l’hélium, dont la molécule est respectivement 16 et 8 fois moins lourde que celle de l’oxygène, les vitesses sont plus grandes dans la proportion des racines carrées de ces nombres. Aux températures élevées, les vitesses augmentent aussi, de telle sorte que l’on peut établir le Tableau suivant pour les vitesses du carré moyen en mètres par seconde :

  TEMPÉRATURES.
GAZ. 500° 1000° 2000° 3000° 4000°
1.
Hydrogène
1844 3103 3982 3321 6387 7295
2.
Hélium
1305 2196 2818 3766 4520 5163
16.
Oxygène
461 776 995 1330 1597 1824
22.
Acide carbonique
393 661 849 1134 1361 1545

Critique de la théorie cinétique appliquée aux cas présentant une probabilité très faible. — Dans l’établissement des formules régissant la probabilité d’une vitesse ou d’un chemin moyen, on est parti de la considération d’un nombre très grand de molécules réunies dans un espace clos et susceptibles de venir, à un moment donné, au contact l’une de l’autre. On a trouvé ainsi la forme mathématique d’une loi indiquant le nombre relatif de molécules dont la vitesse est comprise entre deux limites données, ou dont le parcours libre excède une vitesse donnée. Mais, de même que toutes les formules de la théorie des probabilités, ces formules ne peuvent être considérées comme rigoureuses ou tout ou moins suffisamment approchées que lorsqu’elles s’appliquent, d’une part, à un nombre immense de cas et lorsque, d’autre part, les probabilités partielles qu’elles révèlent ne tombent pas au-dessous d’une certaine limite. La théorie suppose que chaque molécule peut arriver, à un moment donné, à agir sur chacune de celles qui sont enfermées avec elle dans la même enceinte ; elle suppose donc, entre les diverses molécules considérées, une certaine dépendance telle que chacune d’entre elles soit susceptible de commander à un moment donné la vitesse ou le libre parcours de chacune des autres.