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ARRHENIUS. — ACIDE CARBONIQUE ET TEMPÉRATURES.

Comment cette variation dans la quantité d’acide carbonique aurait-elle pu se produire ?

Le professeur Högbom l’a calculé. En admettant que la quantité moyenne d’acide carbonique répandue dans l’atmosphère représente, en volume, 0,03 pour 100, on trouve, en poids, 0,045 pour 100, ou 0,342 millimètre de pression, ou 0,466 gramme d’acide carbonique par centimètre carré de la surface de la Terre. Réduite en carbone, cette quantité donnerait une couche d’environ 1 millimètre d’épaisseur sur la surface du globe.

Les roches terrestres contiennent, à l’état de carbonates, au moins 25 000 fois plus de carbone qu’il n’y en a dans l’air, car, si toutes ces roches étaient à la surface du sol, elles s’élèveraient à plusieurs centaines de mètres. Chaque molécule d’acide carbonique de cette masse de roches, aujourd’hui fixée minéralement, a existé autrefois dans l’atmosphère. Il y faudrait ajouter le carbone aujourd’hui fixé dans la houille.

La quantité d’acide carbonique atmosphérique a considérablement varié. Actuellement elle est produite par les exhalaisons volcaniques, — la combustion des météores, la décomposition des organismes, les végétaux, etc. La mer agit aussi, suivant les températures.

M. Arrhénius pense que les variations séculaires dans la quantité d’acide carbonique atmosphérique sont une meilleure explication des variations de la température terrestre que celle des variations possibles de la quantité de vapeur d’eau atmosphérique et que l’hypothèse de Croll, établie sur les variations séculaires de l’excentricité de l’orbite terrestre.

Il nous a paru important de résumer ici ce curieux Mémoire du savant suédois, à cause de l’application possible de ses conclusions à la température de Mars. Il suffirait d’admettre, en effet, que l’atmosphère martienne fût plus riche que la nôtre en acide carbonique[1] pour admettre, en même

  1. Nos lecteurs savent que l’acide carbonique (CO²) (l’oxyde de carbone = CO) est un gaz incolore, transparent, élastique, d’une saveur aigrelette et d’une odeur légèrement piquante. Sa densité est de 1,529. L’eau en dissout environ son volume sous la pression ordinaire et davantage sous une pression plus forte (exemple : l’eau de Seltz).

    Il se liquéfie sous la pression de 36 atmosphères, à la température de 0°. C’est un liquide incolore, très fluide, soluble dans l’alcool et dans l’éther, insoluble dans l’eau. Ce liquide, en passant à l’état gazeux, produit un froid considérable : 70o au-dessous de zéro.

    Lorsqu’on dirige un jet d’acide carbonique liquide sur une capsule de verre ou dans une boîte métallique, une portion du liquide se condense sur les parois de la capsule ou de la boîte, et l’on obtient ainsi de l’acide carbonique solide sous la forme de flocons neigeux. La température de ce corps est d’environ 78° au-dessous de zéro ; mais on peut l’abaisser davantage encore en le mélangeant avec de l’éther. L’intensité du froid produit par ce mélange est telle que des masses considérables de mercure peuvent