D’après ces données et ce que nous savons d’autre part sur les divers aspects de la surface de Mars, il devient possible de trouver une explication plausible des phénomènes observés. Les régions sombres, désignées sous le nom de canaux et de mers, sont les parties de la surface où vient affleurer l’humidité tiède montant de l’intérieur à travers les fissures de l’écorce. Le sol meuble, échauffé en même temps par les rayons d’un Soleil que ne voile aucun nuage, se prête merveilleusement au développement d’une riche végétation. Ces végétaux, quels qu’ils soient, dont les racines plongent dans le sous-sol humide, et dont les parties aériennes absorbent les rayons solaires, entretiennent constamment au-dessous d’eux une température douce qui permet à l’eau de rester à l’état de vapeur. Pendant le jour, la vapeur qui enveloppe ces « forêts », échauffée par le Soleil, peut demeurer invisible ; mais aussitôt que le Soleil s’abaisse sur l’horizon, l’humidité qui s’élève au-dessus des hautes cimes se condense en givre ou en brouillard. Les régions qui nous apparaissent sombres à leur passage au milieu du disque doivent donc devenir blanchâtres quand elles se trouvent près des bords.
Ce qui caractérise surtout les taches sombres de Mars, c’est leur variabilité d’aspect. D’une opposition à l’autre, elles peuvent passer du gris clair à la teinte vert foncé. Beaucoup de canaux disparaissent à certaines époques et ils ne sont jamais visibles tous à la fois. Cette atténuation, ou même cette disparition complète des taches et des lignes qui sillonnent la planète Mars, semble coïncider avec la saison d’hiver. En général, les oppositions de teintes sont plus tranchées et les contours sont mieux définis dans celui des deux hémisphères qui est en été. D’après M. Flammarion, « le froid voile la surface de Mars, la chaleur la