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LA PLANÈTE MARS.

recouvrait. Elle sera donc obligée de se fendiller absolument comme une argile qui, en séchant, perd de son volume, et ne peut plus garnir la surface sur laquelle elle repose.

Les premières cassures ont dû former ces réseaux si fins, à l’apparence fugitive, dont les observations récentes, celles de M. Schiaparelli et de M. Lowell en particulier, nous ont appris l’existence. Les réseaux plus apparents, les canaux plus larges et d’aspect plus durable proviennent sans doute des cassures formées postérieurement dans un milieu plus résistant. Cela nous expliquerait pourquoi ils sont plus stables et mieux définis.

Température. — La même théorie de la formation lente et de la jeunesse de Mars, après nous avoir donné l’explication des canaux, va nous faire connaître comment la température douce et assez égale qui règne à la surface de la planète peut être entretenue, en partie, par la chaleur interne. Nous savons que des géologues éminents, s’appuyant sur la mauvaise conductibilité des roches terrestres, contestent la possibilité de faire intervenir, dans l’explication du phénomène paléothermal, la chaleur emmagasinée à l’intérieur de la Terre. D’après eux, il a suffi d’une épaisseur assez faible de l’écorce solide pour empêcher le passage de la chaleur à travers cette écorce. Toute discussion sur ce sujet serait ici superflue, car il n’est pas permis d’attribuer a priori aux roches martiennes une constitution physique semblable à celle de nos terrains. Tout fait croire, au contraire, que d’une planète à l’autre il y a des différences essentielles. C’est du moins ce qui ressort de la comparaison des densités,

Pour la Terre, la densité, voisine de 2,5 à la surface, augmente progressivement jusqu’au centre où elle s’élève à 10, et la moyenne est 5,5. Cette variation se trouve assez bien représentée par la formule

dans laquelle est la densité de la couche du rayon et la densité centrale.

Il est naturel d’appliquer à la planète Mars, dont les éléments, peu différents de ceux du globe terrestre, paraissent, en outre, arrivés au même degré de condensation, la formule trouvée pour la Terre. Il faudra seulement changer le coefficient de Si l’aplatissement de Mars était bien connu, la valeur de ce coefficient serait facile à calculer. Malheureusement les anciennes mesures sont très discordantes et donnent, pour la plupart, un chiffre incompatible avec la théorie de la gravitation. D’après M. Lowell, ces divergences doivent être attribuées à la frange crépusculaire qui affecte inégalement les deux diamètres, polaire et équatorial, et l’aplatissement réel peut être fixé à 1/195. En adoptant ce chiffre, on trouve pour la variation de densité à l’intérieur