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LA PLANÈTE MARS.

relative de Mars et de son éloignement du Soleil, elle doit se dissiper plus vite. Toutes ces raisons s’ajoutent pour hâter la marche vers le refroidissement final.

Ainsi Mars, astre à évolution courte, est moins ancien que la Terre et peut-être aussi que Vénus dont la provision de chaleur d’origine plus grande se dissipe en outre plus lentement. Sans préciser l’époque à laquelle remonte sa formation, on peut supposer, en s’appuyant sur la dernière théorie cosmogonique, que la plupart des éléments dont il est composé étaient encore disséminés dans la région qu’occupe aujourd’hui son orbite, alors que d’un côté le globe terrestre commençait déjà à prendre figure, pendant que de l’autre, le grand Jupiter, depuis longtemps formé, brillait d’un vif éclat.

M. Du Ligondès a ajouté à cette étude un essai sur la constitution physique de Mars[1] qui peut être résumé comme il suit :

Plus que toutes les autres planètes, Mars a certainement le privilège d’éveiller la curiosité du public qui s’intéresse à l’astronomie. Ce Monde voisin, que la plupart des savants considèrent comme plus ancien que la Terre et servant peut-être de demeure à des êtres doués de raison, dont la surface nous apparaît sillonnée de mystérieux canaux destinés suivant quelques-uns à répartir avec une sage économie sur un sol menacé de rester à l’état de désert aride l’eau provenant de la fonte des neiges, nous attire invinciblement à cause de la ressemblance que nous lui supposons avec notre propre Monde. Les astronomes de tous les pays, favorisés d’ailleurs par la proximité relative de Mars, aiment à diriger leurs instruments vers cette petite planète, espérant toujours y surprendre quelque manifestation de la vie, certains, en outre, que le résultat de leurs observations sera accueilli avec empressement par tous ceux qui ne disposent pas d’instruments assez puissants pour faire eux-mêmes d’utiles recherches. Ainsi s’expliquent la faveur dont jouissent auprès du public certains Ouvrages tels que La Planète Mars de M. Flammarion, devenu à juste titre un livre classique, et plus récemment Mars de M. Lowell, qui résume les observations faites à l’Observatoire de Flagstaff (Arizona).

Toutefois, il faut avouer que nombre de questions relatives à la constitution physique de Mars attendent encore une solution satisfaisante ; la climatologie, en particulier, est restée à l’état de mystère inexpliqué. Sur Mars, les neiges polaires s’étendent en hiver moins que sur la Terre ; en été, elles fondent avec plus de facilité que les nôtres, aux rayons du Soleil. En dehors des calottes polaires dont le diamètre, à leur maximum, ne dépasse guère 50°, on ne voit pas, comme ici, des régions dites tempérées dont les hauts plateaux sont couverts de neiges éternelles. Ce fait doit paraître absolument extraordinaire, car, en raison de sa plus grande distance au Soleil, Mars reçoit à peine les 4/9 de la chaleur que cet astre nous envoie, et nous avons tout lieu de croire que la densité de son

  1. Bulletin de la Société belge d’Astronomie, 1898.