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DU LIGONDÈS. — L’ÂGE DE MARS.

comètes et les étoiles filantes proviennent comme le Soleil et les planètes d’un même lambeau de ce chaos. Ces divers lambeaux, composés de particules plus ou moins ténues, mais indépendantes dans leurs mouvements, n’ont rien de commun avec la nébuleuse de Laplace composée de gaz ou de vapeurs élastiques.

Au surplus, voici le point de départ de toute la théorie, tel qu’il est donné par l’auteur lui-même :

« À l’origine, l’Univers se réduisait à un chaos général excessivement rare, formé de tous les éléments de la chimie terrestre plus ou moins mêlés et confondus. Ces matériaux, soumis d’ailleurs à leurs attractions mutuelles, étaient dès le commencement animés de mouvements divers qui en ont provoqué la séparation en lambeaux ou nuées. Ceux-ci ont conservé une translation rapide et des girations intestines extrêmement lentes. Ces myriades de lambeaux chaotiques ont donné naissance, par voie de condensation progressive, aux divers Mondes de l’Univers. »

Ces deux dernières hypothèses ont donc ceci de commun qu’elles font dériver le système solaire d’une nébuleuse possédant à l’origine un mouvement tourbillonnaire plus ou moins régulier, soit une rotation, soit des girations intestines dirigées dans le même sens et dans le même plan. Il semble, en effet, qu’il ne puisse en être autrement, étant donné le mouvement actuel, circulaire, direct, de toutes les planètes. Nous ferons remarquer cependant que cette conception, résultant d’une idée préconçue, nuit à la vraisemblance de l’une ou l’autre hypothèse. Que demande-t-on à une théorie cosmogonique ? C’est de nous faire remonter jusqu’à un état initial de la matière tel qu’on ne puisse concevoir un état antérieur ni même plus simple.

Toutefois, le point de départ admis par M. Faye, si on en excepte les girations intestines, doit être celui de toutes les théories cosmogoniques ayant pour base la communauté d’origine des Mondes de l’Univers. Cette communauté d’origine paraît d’ailleurs suffisamment attestée par l’incandescence des étoiles et la presque identité de leur composition chimique. Si l’on veut remonter jusqu’au commencement, avant que les forces qui régissent la matière aient pu modifier la répartition initiale, il faut bien prendre pour point de départ la diffusion de cette matière dans l’espace et pousser cette diffusion jusqu’à ses dernières limites, puisque la principale des forces naturelles, l’attraction universelle, est, comme le fait observer M. Faye, l’opposé de toute tendance à la diffusion.

D’autre part, l’Univers étant composé d’une multitude innombrable de corps qui se meuvent dans tous les sens, suivant les lois de l’attraction, il est nécessaire de faire remonter la source du mouvement jusqu’à l’origine ; mais on doit s’abstenir de faire aucune hypothèse sur la grandeur et le sens des mouvements initiaux. Si l’on astreint quelques-uns d’entre eux à suivre une loi systématique, on admet implicitement qu’ils peuvent être dus à une cause antérieure, ce qui oblige à remonter plus haut.