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LA PLANÈTE MARS.

M. Faye fait suivre cet exposé des réflexions suivantes :

« C’est ici qu’est l’erreur… En rejetant toute idée d’un tourbillonnement primitif, en ne tenant compte que de l’attraction et des actions mutuelles des corpuscules de la nébuleuse, les mouvements de circulation, possibles également dans les deux sens, se produiront également dans les deux sens à la fois. Parmi les molécules de cette vaste nébuleuse, les unes prendront leur droite, les autres leur gauche ; mais alors si vous considérez les aires décrites par les rayons vecteurs de toutes ces nébuleuses et projetées sur un plan quelconque, ces projections, les unes positives, les autres négatives, parce qu’elles sont décrites en sens contraire, auront une somme rigoureusement nulle. Ainsi le veut la Mécanique ; or cela ne ressemble pas du tout au système solaire. »

Ces observations sont justes, mais nous ferons voir qu’il n’est pas nécessaire de recourir à un tourbillonnement initial pour arriver à l’état actuel du système. Il faudrait, d’ailleurs, trouver l’explication de ce mouvement tourbillonnaire qui peut avoir lui-même une cause mécanique. Il est infiniment plus simple de ne rien préjuger sur les mouvements initiaux ; cela dispense de toute hypothèse autre que l’intervention divine à laquelle on est toujours obligé d’avoir recours.

Hypothèse de Laplace. — Ce grand géomètre, frappé de cette circonstance que, dans le système solaire, tous les mouvements connus de son temps étaient de même sens, a cru pouvoir en attribuer l’origine à la condensation progressive d’une nébuleuse animée d’une véritable rotation. Il suppose que, dans l’état primitif, l’atmosphère du Soleil, dilatée par une chaleur excessive, s’étendait au delà des orbes de toutes les planètes et qu’elle s’est resserrée ensuite jusqu’à ses limites actuelles. La force centrifuge développée par la rotation empêche cette atmosphère de s’étendre indéfiniment. À mesure que le refroidissement resserre toute la masse et condense à la surface de l’astre les molécules qui en sont voisines, le mouvement de rotation augmente ; la force centrifuge équatoriale, devenant ainsi plus grande, balance la pesanteur, et l’atmosphère, en se retirant, abandonne successivement des zones de vapeurs dans le plan de l’équateur. Ces zones forment des anneaux concentriques qui donnent ensuite naissance aux planètes.

Cette hypothèse a été acceptée avec enthousiasme et enseignée pendant longtemps presque à l’égal d’une vérité démontrée. Les découvertes récentes sont venues la contredire. M. Faye en a fait une juste critique.

Hypothèse de M. Faye. — Elle se différencie de la précédente en ceci : M. Faye étend sa théorie à l’Univers entier qu’il suppose dépourvu de chaleur d’origine. L’incandescence du Soleil et des étoiles résulte de la concentration de la matière primitivement disséminée dans l’espace sous forme de chaos. Les