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LA PLANÈTE MARS.

dessous du satellite, l’action est verticale et tend à élever légèrement la croûte solide de la planète.

Tout satellite circulant lentement autour de Mars exerce une attraction qui peut déterminer un soulèvement de la croûte, la masse de la planète n’étant pas complètement refroidie. Il a donc pu se former un cône de soulèvement dont l’axe rencontrait le satellite et dont la base était un cercle limité par un contour produisant des crevasses sur le sol de la planète. En admettant un satellite d’un diamètre double de Phobos, la plus rapprochée des deux lunes de Mars, situé à une distance de 100 kilomètres, sa force de soulèvement était d’à peu près 300 tonnes par mètre carré, exerçant une attraction capable de déplacer une croûte circulaire de 350 kilomètres de diamètre, soit 1 100 kilomètres de tour environ. Ce circuit peut produire une et même deux fentes parallèles qui, se répétant un grand nombre de fois, et dans des régions fort diverses, déterminent un système de craquelures ou de failles circulaires terminées par une ou même par deux fentes parallèles.

L’atmosphère a une action comme milieu résistant, même en admettant que sa densité ne soit égale qu’au septième de celle de l’atmosphère terrestre. La figure précédente montre la distribution de la pression au-dessus de la surface de Mars. Les pressions sont indiquées en millimètres de mercure pour la pesanteur terrestre (supposed to be under terrestrial gravity). La température de l’atmosphère de Mars est supposée à 0° C. Les cercles montrent les hauteurs de Phobos à deux altitudes au-dessus de la surface. À la hauteur de 65 miles (105 kilomètres), on voit que la pression du milieu résistant est de 0mm,8.

L’auteur a fait l’expérience de lancer horizontalement des balles de revolver au-dessus d’une couche de poussière de lycopode répandue à la surface d’une plaque de verre. La vitesse de la balle était d’environ 230 mètres par seconde. La balle passait au-dessus de la poussière à une distance un peu supérieure à son demi-diamètre. L’effet produit par ce passage était un canal égal à deux fois et demie le diamètre de la balle, bordé par deux talus. On peut imaginer par là quels seraient les effets produits dans une atmosphère même moins dense par un boulet de 80 kilomètres de diamètre animé d’une vitesse de 6 000 mètres par seconde. Le sable et la terre désagrégée seraient séparés en tranchées bordées de talus écartés à 240 kilomètres.

Il se serait donc produit sur la planète deux influences contraires : une élévation de la croûte causée par l’attraction des satellites, et un double talus séparé par une tranchée. Dans cette hypothèse, les « canaux » de Mars seraient des lignes de hauteur. L’auteur cherche ensuite à expliquer le ton foncé variable de ces lignes par la variation des précipitations atmosphériques en une atmosphère rare et froide, et pauvre en vapeur d’eau.

M. Joly discute ensuite l’effet combiné de la rotation de la planète et de la révolution des satellites pour produire la courbure des lignes, qui font une partie du tour du globe de Mars. Ses courbes théoriques présentent, en effet, une analogie remarquable avec les canaux des cartes de M. Lowell.