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LA PLANÈTE MARS.

à celui qu’elle avait publié contre la thèse générale de la pluralité des mondes habités. J’avais imaginé là une lettre d’un citoyen de Mars trouvée dans un aérolithe tombé sur le bureau de la Société Astronomique du Pacifique, démontrant par que Mars est le seul monde habitable[1]. Toujours le raisonnement du poisson auquel j’ai plus d’une fois fait allusion. Cette discussion s’est continuée d’année en année dans les revues scientifiques américaines.

Le professeur Young, aussi connu en Europe qu’en Amérique pour ses grands travaux astronomiques, discute dans cet article les diverses conclusions que j’ai publiées sur les conditions d’habitabilité de la planète Mars, ainsi que celles de M. Lowell. Le point qui lui paraît le plus embarrassant est la question de la température, qu’il paraît considérer comme nécessairement très basse. Il admet pourtant l’existence d’une végétation étendue, expliquant les aspects des mers et des canaux. L’article ne conclut pas. Mars pourrait être habité par des êtres absolument différents de nous. C’est ce que nous disons depuis longtemps.

M. Young paraît un peu sceptique, sans l’être cependant tout à fait. Au fond, il ne nie rien. Cette étude laisse l’impression qu’il n’est pas ridicule de chercher.

ccxxxii.J. Joly. — Sur l’origine des canaux de Mars[2].

M. le professeur Joly, membre de la Société Royale de Londres, Secrétaire honoraire de la Société Royale de Dublin, propose d’admettre, dans cette étude, que les canaux de Mars ont pour origine le passage de petites planètes capturées par l’attraction de Mars à l’état de satellites et graduellement tombés à sa surface. La longueur de la courbure de ces lignes, leurs dédoublements, les taches foncées ou oasis marquant leurs points d’intersection, ont conduit l’auteur à l’hypothèse suivante :

La planète Mars, à diverses époques de son histoire passée, aurait capturé de petits satellites, de dimensions comprises entre Phobos et Cérès. Pour expliquer les différentes courbures des lignes, l’auteur suppose que la rotation de Mars a été autrefois beaucoup plus courte que de nos jours et que la circulation des satellites a pu être, la plupart du temps, rétrograde relativement à la rotation de la planète.

  1. Ces deux articles ont été publiés dans mon petit livre Rêves étoilés, 33e édition, 1901.
  2. The scientific Transactions of the Royal Dublin Society, août 1897.