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LA PLANÈTE MARS.

blanche en 1896 et 1897. On a cru apercevoir, mais difficilement, des traces de l’Alphée et du Pénée.

Nous avons tenu à détacher ici ces observations remarquables parce qu’elles mettent en évidence les changements réels qui s’effectuent constamment sur la planète, ainsi que les variations apparentes dues à l’obliquité et à la rotation, lesquelles consistent en assombrissements de certaines régions, et en éclaircissements de certaines autres, peut-être un peu par contraste.

Quant à la nouvelle interprétation des canaux présentée par M. Cerulli, elle n’est pas sans offrir, elle aussi, plus d’une difficulté, et c’est ce que M. Schiaparelli a tenu à discuter, de son côté, dans un intéressant article sur ce sujet[1].

L’illustre astronome de Milan montre d’abord qu’en ce qui concerne la mer Tyrrhénienne, M. Cerulli a réuni à cette mer la région foncée qui constitue l’isthme supérieur de l’Hespérie, ce qui n’est qu’une interprétation et non une modification physique. Il montre ensuite qu’en 1896-1897 le Léthé n’a pas été vu, ou très faiblement, et que ce que M. Cerulli appelle le Léthé est le Thoth, tandis que ce qu’il appelle Thoth est l’Athyr, etc. De même, le Kison de Cerulli n’est pas celui des cartes de Milan. Ces confusions sont assurément regrettables ; car l’aréographie commence à être un peu compliquée.

Arrivant à l’observation que les canaux et certains détails de la planète sont moins évidents à leur passage au méridien central que vus obliquement, M. Schiaparelli déclare qu’il l’a faite plusieurs fois lui-même, notamment en ce qui concerne le Nœud Gordien et le lac du Soleil. Mais, pour lui, ce fait ne contredit pas l’existence des canaux, car il se présente lorsque les régions environnant les taches deviennent plus claires en approchant du bord, de sorte que la plus grande visibilité des lignes foncées s’accroît ainsi par contraste, et non par suite de la constitution intrinsèque de ces lignes.

La théorie de M. Cerulli est, en effet, que les canaux ne sont que des impressions optiques de notre vue réunissant entre elles des taches sombres alignées séparées par des régions claires. Quand ils passent au méridien central, les régions claires dominent, s’élargissent un peu par irradiation, et diminuent le ton foncé apparent des canaux.

Il resterait encore à expliquer pourquoi les taches en question sont ainsi alignées.

Que la visibilité des canaux soit la même pour un grand éloignement que

  1. Vierteljahrsschr. d. Astronom. Gesellschaft, t. XXXIV, p. 39-51.