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LA PLANÈTE MARS.

Je vous soumets la question de savoir comment des lignes pareilles aient pu rester cachées pendant sept ou huit oppositions (parmi lesquelles il y en a eu de très favorables, soit pour la direction de l’axe, soit pour l’amplitude du disque) à un observateur tel que M. Schiaparelli ?

Ne pensez-vous pas que nous sommes ici en présence d’une intéressante catégorie de phénomènes martiens ? Des lignes nouvelles apparaissent sur la planète, le mot « nouvelles » n’ayant pas ici le sens qu’on lui donne ordinairement en Astronomie. Ce ne sont pas tout simplement des canaux que l’on a aperçu en 1894 pour la première fois, mais ce sont bien des canaux qui jusqu’à 1894 n’existaient pas.

Je soumets ces questions à l’auteur de La Planète Mars.

Cet exposé, plus long que de coutume, des observations du savant astronome de Teramo, nous montre en quelque sorte la genèse de ses travaux et des conclusions qu’il en a tirées. Nous pourrions encore, en parcourant son Mémoire de 1898, faire quelques remarques intéressantes, et nous croyons même devoir les ajouter ici. Pour tout ce qui suit, nous engageons le lecteur à confronter les descriptions avec la carte publiée plus haut (p. 319).

La région comprise entre le Prasodes et l’Hellespont jouit de la propriété d’être claire lorsqu’elle se présente de face et foncée lorsqu’elle se présente obliquement. Cette modification de ton a d’autres exemples.

À gauche du Sinus Sabæus, le Pharos a changé réellement de ton. D’abord foncé, en juin 1896, il réunissait le Sinus Sabæus au littoral droit de la Grande Syrte. Il en était de même en juillet et en août. Mais en septembre il était blanc et formait la séparation indiquée sur la carte. Ainsi s’explique le changement d’aspect du Sinus Sabæus.

La duplicité de la Corne d’Aryn était bien visible en août, au méridien central. Mais, lorsque la rotation emportait ce point à 30° ou 40o de distance de ce méridien, on ne la distinguait plus guère, non pas seulement à cause de l’obliquité, mais parce que le promontoire entre les deux cornes s’assombrissait.

Le lac d’Yao ne s’est détaché comme pays foncé qu’à partir du milieu de septembre : jusqu’alors il était réuni au Pharos. En novembre et décembre, c’était une belle tache foncée, nettement définie.

Le golfe de l’Aurore varie avec l’obliquité : il paraît d’autant plus foncé qu’on le voit plus obliquement.

Les mers Érythrée et de Deucalion n’ont été séparées qu’à partir du 20 novembre. La terre de Pyrrha, qui les sépare, n’a été visible qu’à partir de cette date. Changement réel.

De 1877 à 1896, la région Érythrée s’est graduellement affaiblie de ton. En 1877, elle était très foncée (Green, Schiaparelli, etc.). C’était une « mer » incon-