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LA PLANÈTE MARS.

tude et s’être étendus en longitude. La hauteur verticale moyenne du banc de nuage au coucher du Soleil observée aux mois de juillet et août 1894 a été de 7 kilomètres. Aux mois de décembre, janvier et février suivants, sur le terminateur du lever du Soleil, elle était de 6 kilomètres. Ces observations sont d’autant plus curieuses que les nuages sont plus rares sur ce monde voisin.

En examinant la distribution des projections en latitude, nous en trouvâmes une accumulation très marquée entre les latitudes 40° et 50o Sud. Il semble préférable, du moins pour le moment, de les associer jusqu’à un certain point avec la chaleur équatoriale de la planète. La saison martienne était alors avant le milieu de l’été de l’hémisphère sud, et sur une planète qui n’a plus d’océans et possède probablement de vastes déserts, la chaleur équatoriale doit s’exercer beaucoup plus loin de l’équateur géographique que sur la Terre et atteindre beaucoup plus rapidement une plus grande distance en latitude. Le parallèle −43° correspond à notre ceinture de nuages tropicaux qui voyage du Nord au Sud avec le Soleil. La concentration des nuages à ces latitudes, pendant les mois de juillet et août 1894, a été suffisante pour couvrir la zone entre −40° et −50°.

Le terminateur du lever du Soleil a été moins observé ; on y a fait environ le tiers des constatations précédentes.

Une certaine catégorie de projections d’une grande hauteur et semblant s’étendre au delà du véritable bord a été observée sur le terminateur, dans le voisinage de chaque corne.

Les dépressions qui constituaient le reste des huit cents irrégularités et qui se trouvaient habituellement, mais pas toujours, sur les taches sombres de la planète, s’expliquent mieux si on les attribue au caractère de la surface, c’est-à-dire à son manque de pouvoir réfléchissant sous certaines conditions. L’absence fréquente des dépressions a pu être due à la présence de brumes dans l’air, ou de vapeurs se condensant vers la tombée de nuit, provenant de l’humidité qui peut exister en plus grande quantité dans les régions foncées que dans les claires.

Voici dans quelles conditions ces observations ont été faites : Premièrement, une atmosphère à travers laquelle le bord et le terminateur pouvaient se voir comme des lignes bien nettes. Le plus grand nombre a été observé avec une lunette de 0m,45 d’ouverture et un foyer de 8 mètres et presque entièrement avec un oculaire donnant un grossissement de 617. Quelques-unes furent vues avec un grossissement de 420. Pendant la majeure partie des observations, le diamètre de la planète a été entre 11″ et 17″ ; et l’angle entre Mars, la Terre et le Soleil, de 37° à 47°. La phase était donc très sensible. Lorsque cet angle a été au-dessus de 37° le nombre des irrégularités a décru très rapidement.

À l’opposition de 1896, le pôle nord a été légèrement tourné vers nous, et nous avons observé une ligne de projections bien visibles sur le bord sud de la zone blanche polaire du Nord, c’est-à-dire, en général, entre les latitudes +40° et +50°. La calotte polaire se voyait comme une petite tache sur le bord sud