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LA PLANÈTE MARS.

face liquide. L’acide carbonique n’existe pas à l’état de liquide permanent sous de faibles pressions, et par conséquent ne doit pas être la substance composant les nuages et les caps polaires de Mars.

Il y a peu d’humidité dans l’atmosphère de Mars. Les mers sont rares. Le Soleil n’a jamais été vu s’y reflétant, et les caps polaires disparaissent presque complètement. Cette humidité est, d’après les projections du terminateur, en grande proportion à l’équateur de chaleur, minimum dans les zones tempérées et maximum dans les régions polaires.

Les aspects polaires correspondent aux saisons. En automne, les régions visibles les plus proches du pôle nord deviennent souvent blanches. On y remarque aussi des teintes bleues ou vertes. En février martien, le cap polaire est blanchâtre ; en mars il fond lentement et montre du vert ; en mai il fond rapidement : en juin et juillet il est à son minimum.

Quelles sont les causes de condensation ? La pesanteur est faible à la surface de Mars. Il en résulte que les changements de densité et par conséquent les changements de température suivant l’altitude sont moins rapides là qu’ici. Des condensations se forment au coucher du soleil par le rayonnement, des nuages brillent comme des projections. Les basses températures polaires expliquent les nuages qui s’y produisent.

L’humidité paraît se transporter par les courants aériens qui la charrient vers les caps polaires, et aussi par les canaux à la surface.

La coloration des taches sombres montre du vert au printemps et du brun à la fin de l’été.

La surface de la planète paraît être sensiblement de niveau ; mais de vastes étendues assez élevées existent dans les régions polaires et sans doute aussi ailleurs, et certaines dépressions sont indiquées par les crevasses dans les caps polaires, par les plaines foncées et les canaux.

Telles sont les conclusions tirées de ces observations de 1896-1897 par MM. Lowell et Douglass. Nous ne pouvons mieux faire, pour compléter ce résumé d’un magnifique travail, que de reproduire et de présenter ici à nos lecteurs la carte générale qu’ils en ont déduite. Cette carte a été construite exclusivement à l’aide de ces observations. Elle ne contient pas moins de 335 noms de régions, canaux ou oasis.

On voit que notre connaissance de la planète Mars s’accroît graduellement de documents nouveaux. Ce second volume de l’Observatoire Lowell est peut-être moins sensationnel que le premier, dont nous avons donné les conclusions plus haut relativement à l’habitation actuelle de la planète par une race intelligente au moins égale à la nôtre ; mais ces nouvelles observations nous apportent des documents à comparer et à discuter sur les variations dues aux saisons, sur la température des diverses zones, sur les époques de