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LA PLANÈTE MARS.

donc possible de comparer les observations si délicates faites sur Mars, à Nice et au mont Mounier, avec celles qu’ou instituerait à Meudon.

Aussi, en présence de l’opposition favorable de Mars en décembre dernier, et bien que j’eusse commencé sur Jupiter une importante série d’observations, je n’hésitai pas à mettre notre grand instrument entre les mains de M. Perrotin qui venait d’entrer à l’Observatoire.

On voit, par la Note ci-dessus, que cet habile observateur a pu, non seulement confirmer ses observations de Nice et du mont Mounier, ce qui donne un grand poids à celles-ci, mais encore constater des faits nouveaux très délicats. Il y a là, comme on voit, des résultats très importants pour la Science et aussi en faveur de la puissance et des qualités optiques de notre grand instrument, ainsi qu’à l’égard du ciel de Meudon.

La distinction des zones, établie par M. Perrotin, est importante, et le fait que la couleur si connue de la planète proviendrait uniquement de la zone des canaux, est très remarquable et conduira sans doute à d’importantes conséquences. Enfin, la constatation de la plus grande visibilité des détails de la surface, quand on s’approche des régions polaires, est encore d’un très haut intérêt.

Qu’il me soit permis de faire remarquer que ces résultats, qui tendent à montrer que l’atmosphère de Mars contiendrait des corps pouvant se condenser à la surface du sol et augmenter ainsi la transparence atmosphérique vers les régions polaires paraissent en accord avec nos observations sur la présence de la vapeur d’eau dans l’atmosphère de cette planète.

L’intérêt de ces observations faites en 1867 sur le sommet de l’Etna réside :

1o Dans la connaissance précise du spectre de la vapeur d’eau, spectre découvert l’année précédente (août 1866) dans les expériences exécutées à l’usine de la Villette avec un tube de vapeur de 37m de long à 7 atmosphères ;

2o Dans l’élévation de la station qui mettait hors cause les couches les plus denses de l’atmosphère ;

3o Dans la température, laquelle étant la nuit, au moment des observations, de 10° à 15° sous zéro, ne laissait dans l’atmosphère supérieure qu’une quantité tout à fait insignifiante de vapeur d’eau ;

4o Dans l’emploi, pour la recherche de la présence de la vapeur d’eau dans la planète Mars, de groupes du spectre ne pouvant être produits par l’azur terrestre dans les circonstances où l’on était placé ;

5o Enfin dans les comparaisons qui furent faites du spectre de Mars avec celui de la Lune, placée alors à une hauteur presque égale.

Dans ces conditions, les conclusions acquirent une valeur très grande et je suis heureux que les observations de M. Perrotin tendent à les confirmer.