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LA PLANÈTE MARS.

C’est aussi la portion de la surface dont la teinte, uniformément rougeâtre, tranche d’une manière saisissante sur la couleur des autres parties et donne surtout à la planète la couleur caractéristique qu’on lui connaît.

La deuxième zone ne dépasse pas 40° à 45° dans sa plus grande largeur ; elle est située en presque totalité dans l’hémisphère austral et comprend la majeure partie des mers. La teinte y va du gris clair au gris très sombre, presque noir. Les continents de cette partie du disque[1], non traversés par des canaux, sont d’ordinaire moins colorés, moins rougeâtres, plus clairs et plus blancs que les continents de même latitude, situés dans les régions des canaux. Certains, l’Hespérie et Hellas par exemple, sont d’un blanc très accusé.

Les troisième et quatrième zones, qui s’étendent respectivement au delà du 60e degré de latitude boréale et du 50e ou même du 60e degré de latitude australe, présentent des continents de couleur blanche ou grisâtre, à proximité des mers. Elles aboutissent, l’une et l’autre, aux régions neigeuses ou glacées des pôles.

2o Pour une même distance au centre du disque, les détails de la surface n’apparaissent pas avec la même facilité dans les quatre zones.

Le plus souvent, les canaux ne se voient avec netteté que vers le milieu du disque, et la visibilité va plus loin dans le sens du méridien que dans celui des parallèles. Les détails des mers continuent à bien se distinguer à une assez grande distance du centre, et, pour les deux autres zones, la visibilité est encore relativement facile tout près du bord, comme on peut en juger par nos dessins de 1888. Elle est notamment plus grande dans le voisinage des pôles[2].

3o En dehors des changements réguliers qui suivent le cours des saisons et qui affectent surtout les glaces polaires, la configuration de la surface de Mars reste invariable dans ses grandes lignes, et les modifications de détail, passagères suivant nous, le plus sûrement constatées, se produisent dans la zone des canaux et dans celle des mers.

Dans le cours de notre longue étude sur cette planète, deux régions ont été plus spécialement le siège de semblables changements, ce sont : la Libye, le lac du Soleil et les environs. Les modifications quelquefois survenues dans les canaux n’ont pas eu, pour nous, le caractère de régularité admis par d’autres observateurs.

4o À ces faits, d’ordre général, nous en ajouterons deux autres particuliers qui ressortent de notre étude de cette année. Le premier concerne l’Elysium. Ce

  1. « On ne peut considérer comme tels les espaces, de couleur grisâtre, resserrés entre des mers à teinte claire et contours incertains, et qui sont dans un état intermédiaire entre celui des mers et celui des continents. »
  2. « Cela est vrai également pour Vénus, ainsi que le prouvent nos dessins et nos observations sur cette planète, avec cette différence que, dans ce cas, les conditions physiques des régions polaires s’étendent à toute la zone qui avoisine le terminateur, puisque, comme M. Schiaparelli l’a découvert et comme nous l’avons montré nous-même, Vénus tourne constamment la même face vers le Soleil. » « Perrotin. »