Même jour, 13h 38m. Longitude du centre = 173°. — Image exceptionnellement calme et détaillée. — Le Trivium Charontis est nettement double, composé de deux taches noires circulaires, voisines. Cette duplication est frappante et, contrairement à ce qui a lieu pour la visibilité fugitive des autres détails de la planète, se voit presque continuellement. Outre les canaux énumérés plus haut, on aperçoit encore le Styx, noir et large (fig. 202).
Même jour, 14h 38m. Longitude du centre = 188°. — Confirmation sur toute la ligne des détails précédents. La duplication du Trivium Charontis est incontestable. La calotte polaire inférieure est composée d’un point brillant à gauche, suivi, à droite, d’une tache plus grande, mais moins éclatante.
Ces observations nous montrent que des changements incontestables continuent de s’opérer rapidement à la surface de la planète. L’un des plus importants est le nouveau canal au bas de la mer du Sablier, qui la prolonge vers la gauche en décrivant une courbe légère (fig. 195 et 199). Ce canal n’est ni l’Astapus, ni l’Asclepius des cartes de Schiaparelli, mais il correspond assez bien avec l’Astapus de la carte de Lowell ; on le retrouve sur un dessin de Burton, du 12 mars 1882 (voir t. I, p. 365). Comparer aussi un dessin de Stanley Williams, du 27 juin 1890 (p. 472) et les diverses cartes de Schiaparelli. Les comparaisons nous conduisent à penser qu’un certain nombre des changements observés sont des retours d’observations déjà faites antérieurement. Et comme nous sommes encore loin d’enregistrer régulièrement tout ce qui se passe sur Mars, nous devons penser que ces retours, renouvellements d’aspects antérieurs, sont beaucoup plus fréquents qu’ils ne le paraissent. Ainsi, ces variations, tout en étant réelles, incontestables, nous amènent aujourd’hui à une seconde conclusion :
1o Des changements s’accomplissent actuellement à la surface de la planète Mars ;
2o Certaines régions de la surface de Mars sont soumises à des variations périodiques ;
Et nous pouvons même ajouter :
3o Ces variations sont causées par la circulation des eaux et probablement dues à de la végétation.
Il serait inexact de dire que l’Astapus a changé de place. En des régions voisines, des aspects analogues se produisent, dus sans doute à une variation dans la distribution des eaux.