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CAMPBELL. — LES CALOTTES POLAIRES DE MARS.

Pour le premier point, la quantité de chaleur et de lumière reçue par l’unité de surface de Mars est environ les 43/100 de la quantité correspondante relative à notre globe.

L’existence et l’efficacité du second facteur sont rendues manifestes par le manque de rayons bleus et l’excès de rayons rouges ou oranges qui existent dans la lumière solaire réfléchie par Mars, établissant ainsi que l’atmosphère martienne a le pouvoir d’extraire et de retenir ces mêmes rayons qui sont le plus aisément retenus par l’atmosphère terrestre. Ce déficit montre que l’excès de la chaleur reçue sur la chaleur rayonnée est une quantité positive, ou, en d’autres termes, que Mars, comme la Terre, est, ou bien un corps accumulant de la chaleur, et que la température de sa surface augmente encore graduellement, ou bien que la température de la surface est constante, l’excès de l’énergie solaire étant employée à y maintenir ces conditions et à agir à sa surface.

Quant à la troisième cause, le temps, elle est manifestement plus influente sur Mars que sur la Terre ; la masse de Mars est, en effet, égale à la neuvième partie de celle de la Terre, et cette planète a dû perdre sa chaleur interne en un temps plus court et devenir, bien plus tôt que la Terre, capable de recevoir la chaleur de l’extérieur.

Les trois causes principales que nous venons d’envisager sont donc positives dans leurs effets, indépendantes de la constance ou de la diminution de la source de chaleur et ne tiennent aucun compte de la chaleur stellaire, inconnue il est vrai, mais dont l’effet est positif et constant.

Il est donc rationnel de conclure que les phénomènes observés seront correctement interprétés en disant que Mars jouit d’un climat général plus doux que celui de la Terre.

Ce raisonnement est applicable à une planète quelconque de n’importe quel système, et l’on doit penser que des conditions climatériques similaires peuvent se réaliser avec le temps sur toute planète possédant une atmosphère capable d’emmagasiner la chaleur solaire.

ccxi.Campbell. — Sur la fusion des calottes polaires de Mars[1].

Le savant astronome de l’Observatoire Lick continue de combattre tous les arguments tirés des observations en faveur d’une atmosphère martienne.

Aucun fait concernant Mars n’a été mieux établi que celui du décroissement graduel des calottes polaires après que le solstice d’été a passé sur l’hémisphère correspondant. On a prétendu récemment, tant dans les revues astronomiques spéciales que dans la presse quotidienne, que cette continuelle diminution des taches polaires après le solstice prouve que le maximum de température de la

  1. Astr. Soc. of the Pacific, 1895, VII, p. 292.