Page:Flammarion - La Planète Mars et ses conditions d’habitabilité, tome 2, 1909.djvu/271

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
264
LA PLANÈTE MARS.

tistique plus complet encore, s’il avait essayé d’évaluer le prix de revient de la construction du réseau des canaux martiens. Mais c’est plus difficile. Un mètre cube de sable pèse là beaucoup moins qu’ici ; la main-d’œuvre y est peut-être bon marché, si les ouvriers ne mangent que les figues du désert, etc. Néanmoins, la somme serait trop forte aussi pour être acceptable par des citoyens aussi raisonnables que nous.

Quant à la population actuelle de Mars, il faudrait aussi pouvoir déterminer la fécondité des femmes martiennes. Nous n’avons encore aucun spectroscope pour cela.

Sérieusement, nous pouvons avouer que ces aspects sont parfaitement énigmatiques et que toutes les hypothèses sont permises. À la limite de la visibilité, les canaux ne sont probablement pas ce qu’ils paraissent être.

ccx.Marsden Manson. — Les climats de Mars[1].

Voici maintenant une discussion d’un autre ordre sur les climats probables de la planète.

Le fait que Mars présente des phénomènes indiquant que les climats de ses régions polaires sont plus doux que ceux de la Terre semble intriguer bien des étudiants en astronomie. Au lieu d’essayer d’expliquer ces phénomènes par des déductions logiques, tirées de faits admis et de lois connues, quelques-uns semblent prendre plaisir à exercer leur imagination en les attribuant à des conditions d’une possibilité très douteuse, dont ils établissent l’existence par une série d’arguments qui dépassent la limite de crédulité que peuvent raisonnablement leur octroyer leurs collègues.

Nous nous proposons de montrer que les conditions climatériques dont l’existence sur Mars est généralement admise peuvent être expliquées au moyen de suppositions et d’hypothèses restant dans le domaine du sens commun ; les arguments seront simples et fondamentaux, et, jusqu’à ce qu’on ait établi qu’ils reposent sur des prémisses incorrectes ou que des conclusions erronées en ont été déduites, l’imagination scientifique sera restreinte à ses limites raisonnables.

La planète Mars est environ une fois et demie plus éloignée du Soleil que la Terre et son volume est à peu près le septième de celui de notre globe. Contrairement au reste des autres corps du système solaire, planètes et satellites, Mars réfléchit une superbe lumière rougeâtre, ce qui est un point important dans l’interprétation des conditions climatériques. À surface égale, la lumière et la chaleur reçues par Mars n’atteignent pas la moitié de ce que reçoit la Terre ; mais il n’en résulte aucunement que ses climats soient proportionnellement

  1. Astr. Soc. of the Pacific, 1895, VII.