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J. ORR. — LES CANAUX DE MARS.

ccix.J. Orr. Les canaux de Mars ne peuvent pas être artificiels[1].

Les considérations suivantes, aux antipodes des précédentes, sont extraites du Journal of the British Astronomical Association, vol. V, 1895.

M. J. Orr, membre de la Section de l’Écosse occidentale, se propose de montrer l’impossibilité absolue que les soi-disant canaux soient d’une origine artificielle, le travail d’une prétendue population martienne.

« En traçant des rainures sur un globe fortement éclairé, M. Orr a calculé que la largeur minimum que doivent avoir les canaux de Mars pour être visibles est de 53 kilomètres. La longueur d’un canal moyen, mesurée sur les cartes de Schiaparelli, est d’environ 3 200 kilomètres. Et puisque, sur la Terre, les fuites dans le sol, l’évaporation, etc. déterminent la profondeur minimum à donner au canal pour assurer l’approvisionnement d’eau nécessaire au centre, on est conduit à attribuer à un canal de Mars, tel que le Tartare, par exemple, une profondeur d’au moins 110 mètres. En tenant compte de l’intensité de la pesanteur, c’est-à-dire en admettant que l’excavation d’un fossé martien de 70 mètres de profondeur représente le même travail que celui que nécessite un canal terrestre de 26 mètres, on trouve que les canaux de Mars équivalent à environ 1 634 000 fois le canal de Suez et exigeraient pour leur construction une armée de 200 millions d’hommes travaillant 1 000 de nos années. Admettant encore que la population soit proportionnelle à la surface, puisque la surface de la Terre est 3 fois 1/2 plus grande que celle de Mars, nous pouvons disposer d’une population martienne de 409 millions d’individus. Tous les hommes adultes et une grande partie des femmes ont dû être embauchés dans cette grande entreprise.

» L’auteur suppose donc que les canaux n’ont rien d’artificiel, et sont de grandes crevasses causées par la contraction de la surface sous l’action du refroidissement, la planète étant dans une phase vitale considérablement plus avancée que celle de la Terre.

» Après la projection d’un tableau représentant le système général des canaux tel qu’il a été donné par Schiaparelli, le président de la Section, M. E.-W. Maunder, de l’Observatoire de Greenwich, ajoute que « la note statistique, mais néanmoins amusante, de M. Orr est « un clou de plus dans le cercueil de l’absurde idée » qui attribue les canaux de Mars à un travail d’agents humains. Le simple fait que les ressources entières d’une des plus grandes nations de l’Europe n’ont pas suffi à creuser un petit fossé de 42 kilomètres de longueur et de quelques pieds de profondeur peut nous convaincre que les habitants de Mars, à supposer qu’ils existent, n’auraient pu creuser 130 000 à 160 000 kilomètres de canaux de 50 kilomètres de large ! »

Notre devoir est de tout publier ici. M. Orr aurait offert un travail de sta-

  1. Astr. Soc. of the Pacific, 1895, VII, p. 122, et Journ. of the Br. Astr. Ass. V.