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SCHIAPARELLI. — LA VIE SUR MARS.

   La Terre.  Mars.
Printemps
93 jours. 199 jours.
Été
93 jours.» 182 jours.»
Automne
90 jours.» 146 jours.»
Hiver
89 jours.» 160 jours.»

Ces neiges polaires s’étendaient en 1892, par exemple, pour le pôle austral de Mars, alors incliné vers nous et bien visible, jusqu’au 70e degré de latitude, au mois de juillet, formant une calotte de 2 000 kilomètres de diamètre. Six mois plus tard, elles étaient réduites à leur minimum, à un point blanc, de 300 kilomètres à peine. C’était l’été de l’hémisphère austral de Mars, le solstice ayant eu lieu le 13 octobre.

L’observation des accroissements et diminutions des neiges polaires, qui peut être faite, même à l’aide d’instruments modestes, devient d’autant plus intéressante et instructive qu’on en suit plus attentivement les détails à l’aide d’instruments plus puissants. On voit alors la couche de neige fondre graduellement le long de ses bords, des trous noirs et de larges crevasses se former, de grands lambeaux isolés se détacher de la masse principale et disparaître en fondant peu à peu. C’est absolument ce qui se présente autour de nos pôles pendant l’été d’après les descriptions des explorateurs.

Les neiges polaires australes se trouvent au milieu d’une grande tache sombre qui occupe, avec ses ramifications, environ un tiers de la surface de Mars. Les boréales, au contraire, se trouvent sur une région claire ou continentale, où leur fusion produit une sorte d’inondation qui convertit en mer temporaire un très vaste espace de terre. En remplissant toutes les régions plus basses, cette inondation a fait parfois supposer la présence d’une mer qui n’existe pas. La zone obscure suit le périmètre des neiges à mesure que leur étendue diminue par la fusion et se rétrécit sur une circonférence de plus en plus étroite. Cette zone se ramifie extérieurement en traînées sombres qui occupent toute la région environnante et paraissent être des sortes de canaux distributeurs par lesquels les masses liquides retournent à leurs réservoirs naturels. Des lacs très étendus naissent en ces régions, tels, par exemple, que le lac Hyperboreus ; la mer Acidalienne, voisine, devient plus noire et plus marquée. C’est l’écoulement de ces neiges liquéfiées qui, sans aucun doute, a déterminé l’état hydrographique de la planète et les changements que l’on observe périodiquement dans ses aspects. Quelque chose d’analogue se produirait sur la Terre si l’un de nos pôles venait à être transporté subitement au centre de l’Afrique. Les gonflements que l’on observe dans nos torrents à la fonte des neiges des Alpes en donnent aussi une petite image.

C’est au mois de septembre que les glaces polaires terrestres sont le plus réduites, et c’est aussi le meilleur mois pour les excursions sur les glaciers. Si nos mois avaient 60 jours au lieu de 30 jours, si l’action solaire durait deux fois plus longtemps, il n’est pas douteux que les glaces polaires seraient beaucoup plus fondues, peut-être même entièrement. C’est ce qui arrive sur Mars. Les