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FLAMMARION. — CIRCULATION DE L’EAU.

que celle de la Terre, et la quantité de chaleur étant de 0,43, soit plus de moitié moindre qu’ici. Mais, d’autre part, l’année est près de deux fois plus longue : 1,88, ou de 687 jours. La chaleur accumulée sur un hémisphère pendant l’été peut fort bien suffire pour fondre une couche de neige assez épaisse, quoique sur la Terre, plus rapprochée du Soleil, les six mois de saison estivale n’y suffisent pas. Quand la neige commence à fondre, une petite quantité de chaleur nouvelle suffit souvent pour compléter la fusion.

Nous devons maintenant considérer un second point de la plus haute importance.

Notre atmosphère terrestre est très dense. Au niveau de la mer, la pression atmosphérique fait équilibre à une colonne de mercure de 0m,760. Elle est de 1 033 grammes par centimètre carré, ou de 103 kilogrammes par décimètre carré, ou de 10 330 kilogrammes par mètre carré. Or la surface totale du globe est d’environ 510 millions de kilomètres carrés. L’atmosphère entière pèse donc 5 quintillions 268 quatrillions de kilogrammes. C’est un peu moins de la millionième partie du poids du globe terrestre.

L’atmosphère martienne est incomparablement plus légère. La pesanteur à la surface de Mars étant beaucoup plus faible qu’à la surface de la Terre (0,376), tous les corps y pèsent moins dans la même proportion, et l’atmosphère est dans ce cas. Si chaque mètre carré de la surface de Mars supportait la même atmosphère que la nôtre, la pression de cette atmosphère serait réduite dans la proportion précédente, c’est-à-dire que le baromètre, au lieu d’être à 760 millimètres au niveau de la mer, ne serait qu’à 286 millimètres. C’est la pression que nous trouvons en ballon à 8 000 mètres de hauteur, et c’est celle des montagnes les plus élevées. Au sommet du mont Blanc, la pression est de 424 millimètres.

Il est bien certain que l’atmosphère de Mars n’est pas analogue à la nôtre et que l’eau n’y est pas dans les mêmes conditions, car la surface de la planète se trouverait ainsi au-dessous de la ligne du zéro de température, même sans tenir compte de la plus grande distance au Soleil, et nous aurions devant les yeux un globe de glace, ce qui n’est pas. Nous voyons, au contraire, sur Mars les neiges parfaitement limitées, et ces limites varier avec la température, et, si l’on considère un hémisphère martien pendant son été, il a moins de neiges que nous à son pôle. Celles que l’on aperçoit de temps à autre en certains points des régions tempérées sont également fondues.

Nous devons donc penser, d’après les observations comme d’après le calcul, que l’atmosphère de Mars est moins dense que la nôtre, qu’il s’y forme moins de nuages, que les courants y ont moins d’intensité, que le vent n’y est jamais très fort, que les tempêtes en sont absentes. Les conditions de densité, de pression et de température sont très différentes de ce qu’elles sont ici. L’évaporation doit y être facile et rapide ; le point d’ébullition y est sans doute vers 46° au lieu de 100°. Le point 0°, auquel l’eau se solidifie, est-il le même qu’ici ? Non, sans doute, car elle ne doit pas être identique à la nôtre. L’eau de mer ne gèle qu’à