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FLAMMARION. — CIRCULATION DE L’EAU.

» D’après M. Pickering, le pouvoir réfléchissant de la planète Mars n’est que le quart de celui de Saturne. Si l’on admet que celui de Saturne soit égal à celui de la neige fraîchement tombée, c’est-à-dire à 0,78, celui de Mars peut être évalué à 0,17. »

M. Taylor admet 0,21.

Une formule lui donne 1/40 Pour le rapport entre l’intensité de la réflexion solaire par une surface d’eau sur Mars et l’éclat total de tout le disque martien.

Cette image solaire mesurerait 10 kilomètres de diamètre, et devrait être parfaitement visible d’ici, même dans les canaux, s’ils étaient entièrement formés d’eau.

M. Taylor ajoute que depuis la mer Cimmérienne jusqu’au golfe de l’Aurore il y a une série de mers qui sont parfaitement placées pour réfléchir vers nous l’image du Soleil à midi. On n’a jamais rien aperçu de ce genre.

L’auteur conclut aussi que c’est là une preuve de la non-existence des mers martiennes. Il ajoute que l’ensemble des considérations est en faveur de plaines de végétation, dont le ton varie selon la quantité d’humidité qui y arrive après la fonte estivale des neiges polaires.

Il termine en adoptant l’opinion émise par M. Ledger que les canaux ne sont pas pleins d’eau, et que ces lignes indiquent des terrains cultivés par les habitants de Mars, principalement dans les districts qui avoisinent les grands centres de population (les oasis). En résumé, nous ne verrions en aucun point du globe de Mars l’eau qui pourtant le fertilise[1].

ccvii.Flammarion. — La circulation de l’eau dans l’atmosphère de Mars[2].

La circulation de l’eau à la surface de la Terre est l’agent principal de la vie terrestre. Tous les êtres sont essentiellement composés d’eau (le corps de l’homme lui-même en renferme encore 70 pour 100) ; tous ont besoin d’eau pour vivre. Nous n’avons pas le droit d’affirmer, pourtant, qu’il en soit de même sur tous les autres mondes de l’univers. L’étude de la nature nous apprend à être réservés dans nos affirmations, car elle nous montre que cette nature est infinie dans la variété de ses productions. De ce qu’un monde serait absolument dépourvu d’eau, ce ne serait pas une raison suffisante pour nous de le déclarer inhabité. N’enfermons pas nos conceptions dans une coquille de noix. L’homme privé d’oxygène meurt. Il y a sur notre petite planète même des êtres que l’oxygène tue.

Cependant, les mondes d’un même système planétaire ont entre eux des affi-

  1. Astronomy and Astro-Physics, 1894, p. 257. — Monthly Notices of the royal astronomical Society, LV, 1895, p. 462-474.
  2. Société Astronomique de France, séance du 1er mai 1895. Bulletin du 1er mai, p. 169-178.