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LA PLANÈTE MARS.

mander et Euripus ; mais, à mon étonnement, pas Atlantis ! Il est vrai qu’il me sembla parfois distinguer un trait lumineux entre Phaetontis et Zéphyria, mais je n’étais pas sûr que ce n’était pas peut-être une illusion causée par mon espoir de trouver Atlantis ; et puisque c’est une maxime de ne dessiner que des choses que je vois avec parfaite définition, je n’ai pas dessiné cette presqu’île. Je puis vous affirmer que notre équatorial ne montre jamais des contours diffus, mais toujours bien limités comme sur mes dessins. Le grand défaut de ceux-ci c’est que je ne suis pas bon dessinateur et qu’à cause de cela je n’ai pu imiter les limites entre mers et terres avec l’exactitude d’une photographie. Cela veut dire que mes contours sont défectueux dans les détails, bien qu’ils donnent l’image générale assez exacte.

Jusqu’à présent, nous avons vu 23 canaux en 15 observations dont 2 seules dans de bonnes circonstances atmosphériques.

4 novembre 1894.

Conformément à votre désir, j’ai cherché la tache polaire avec soin, mais je n’ai pas réussi à la découvrir. Plusieurs fois il me sembla la voir, mais je suis incliné à supposer que ce n’était qu’une illusion. Pourtant je ne veux pas vous cacher que, hier soir, vers 11h, je vis un point lumineux à la place où Schiaparelli a dessiné « Nix » en 1877 (voir page 305 de votre Mars), mais ce n’était qu’un point. L’objectif de notre équatorial a souffert par l’humidité et ne donne plus des images aussi parfaites qu’auparavant. Nous l’expédierons à Munich pour être nettoyé. Nous en sommes désolés parce que depuis quatre jours nous avons « air 1 » si transparent que nous pouvons distinguer à l’œil nu les maisons en Croatie, et qu’on aperçoit Ancone en Italie et Zara en Dalmatie.

La direction de l’Observatoire de Vienne ne voulant pas croire en nos observations, qu’elle déclarait « impossibles », a envoyé M. Palisa pour s’en convaincre. Il resta ici cinq jours — justement quand le temps était le plus mauvais (air 4‒5) — et néanmoins il vit Deimos à la première vue (nous autres aussi Phobos) et trois jours consécutifs il vit des étoiles exactement dans les positions que les satellites devaient avoir, mais les circonstances ne permirent pas de vérifier si étaient les satellites ou des étoiles fixes. M. Palisa partit en déclarant qu’il a appris chez nous l’observation de Mars, car personne ne peut rien distinguer sur Mars à Vienne avec les équatoriaux de 12, 15 et 27 pouces. Ici, malgré l’air si mauvais, il put voir deux canaux (Indus, Gange), Argyre, le lac du Soleil et le golfe de l’Aurore.

Je vous adresse deux dessins remarquables qui montrent des révolutions dans les environs de Hesperia. Vous possédez mes dessins des 12 et 14 octobre. Or, notre dessin du 16 octobre vous montre un aspect tout à fait différent. Je ne pouvais pas m’expliquer la différence parce que, l’air étant 1 ce jour, il était inexplicable que j’aie vu moins bien que le 14 (air 2) et le 12 (air 3).