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OBSERVATIONS DE M. LEO BRENNER.

consacré à l’Astronomie physique. M. Leo Brenner en est le directeur, et l’observation assidue de la planète Mars a été, dès les premiers jours, l’objet chéri de ses études.

C’est le climat de Nice et de Naples, et les observations y sont des plus agréables. L’équatorial de 7 pouces allemands, construit par Reinfelder et Hertel, de Munich, donne des images parfaites avec des oculaires de 400, 500 et davantage. Les études de Mars, faites du 6 août au 16 octobre, ont été adressées par l’auteur à la Société astronomique de France au journal scientifique English Mechanic, aux Astronomische Nachrichten, et publiées avec un grand nombre de dessins[1]. En 1895, l’habile observateur a condensé l’ensemble de ses croquis sur un même planisphère que nous reproduisons plus loin (fig. 177).

Les détails nous paraissent un peu trop nets, un peu trop précis. L’œil de l’astronome, la manière d’observer, la méthode de dessin, l’instrument sont autant de facteurs augmentant assurément l’équation personnelle, sans compter le cerveau, qui n’est jamais une quantité négligeable. C’est précisément à cause de ces variétés que la comparaison des diverses observations est absolument nécessaire.

Voici quelques extraits des lettres qui nous ont été adressées par cet astronome.

28 août 1894.

Je me fais un devoir de vous présenter un dessin d’aujourd’hui qui me paraît intéressant, parce que j’ai vu une île entre Koumasia et la tache polaire — une île qui ne se trouve pas sur les cartes de Schiaparelli, mais qui est peut-être identique avec le cercle marqué sur sa carte de 1882, par 120° et −63°. C’était une tache plus claire que la mer environnante. Argyre II et Thyle I apparurent au limbe ; le Nodus Gordii était visible ; le Lacus Phœnicis excessivement grand et de la forme d’une étoile rectangulaire ; le Lacus Tithonius plus large que jamais ; les canaux Nectar (le plus large parmi tous), Ambrosia, Phasis, Agathodæmon, Araxes, Pyriphlegethon, Iris et Ceraunius étaient bien visibles.

3 septembre 1894.

Pour vous donner une idée de la définition de notre équatorial, même quand l’air est médiocre, je vous adresse mes dessins montrant les canaux Cyclops, Læstrygon, Hades, Phlegethon, Herculis Columnæ, Simoïs, Xanthus, Sca-

  1. Voir notamment Astronomische Nachrichten, no 3268, 27 déc. 1894, et no 3288, 18 mars 1895.