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LA PLANÈTE MARS.

nienne de la mer Cimmérienne. Lors des observations précédentes de 1877 à 1892, cet isthme s’était toujours présenté sous la forme, ou à peu près, de celle qui est dessinée fig. I. Cet isthme à même été observé par Bianchini, avec un télescope de Campani, du 19 au 24 septembre 1719[1]. On le retrouve également sur la carte de Mædler en 1830. Or, le soir du 10 octobre 1894, à 8h 30m, l’Hespérie se présentait sous l’aspect entièrement anormal dessiné fig. II. Le Xanthus descendait du golfe de Prométhée, large et enfumé ; à la latitude de 40°, il se divisait en trois branches, la plus large, celle de droite, étant la mer Tyrrhénienne, la plus courte, celle de gauche, allant rejoindre la mer Cimmérienne, et la branche du milieu descendant rejoindre la petite Syrte. C’est là un exemple remarquable de variation certaine dans cette région de la planète.

Ce changement a été observé d’autre part par M. Leo Brenner, le 6 octobre, à Lussinpiccolo.

La fig. III, faite à la même échelle que les deux précédentes, représente l’aspect de la tache sombre désignée sous le nom de Mer des Sirènes. Elle a été dessinée sous cette forme par Kaiser le 10 décembre 1864 et depuis par l’auteur un très grand nombre de fois. Le 8 octobre 1892, on remarquait sur le coude de cette mer une solution de continuité, comme on le voit fig. IV.

Cependant il n’est pas douteux que, depuis le mois d’octobre 1892 jusqu’au mois d’octobre 1894, l’aspect normal de la fig. III soit revenu et ait été maintes fois observé, notamment par M. Holden à l’Observatoire Lick, le 3 octobre 1894. Or la séparation dont il s’agit a été revue à Milan par M. Schiaparelli, le 21 novembre 1894, et elle a été revue également par M. Brenner le 10 août et le 21 septembre.

Ces faits et d’autres analogues conduisent l’auteur à conclure que les variations anormales des configurations martiennes ne se succèdent pas par hasard et sans règle, et que les mêmes variations peuvent se produire avec un aspect identique après un long intervalle de temps. La forme et l’étendue de ces variations sont déterminées par quelque élément stable ou au moins périodique.

cxcvii.Leo Brenner. — Observations faites à l’Observatoire Manora, à Lussinpiccolo (Istrie).

Mme Manora a fondé, en 1894, dans l’île de Lussinpiccolo, en Istrie, en d’excellentes conditions météorologiques, un observatoire principalement

  1. Voir t. I, p. 46.