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CAMPBELL. L’ATMOSPHÈRE DE MARS.

indistinct que celui de la Lune. La raison pour laquelle nous ne pouvons pas suivre les taches jusqu’au bord de la Lune ou de Mars est en grande partie le raccourcissement de la perspective.

5o Les calottes polaires. — L’éclat extraordinaire des calottes polaires, comparé aux surfaces centrales, rend l’hypothèse d’une atmosphère épaisse insoutenable. S’il y avait une atmosphère épaisse, elle serait particulièrement épaisse au bord, là où se trouvent les calottes polaires. Il n’y aurait que comparativement peu de rayons solaires capables de pénétrer assez loin pour parvenir jusqu’aux pôles. Ceux qui y arriveraient seraient largement réfléchis ; mais très peu de ces rayons parviendraient à retraverser l’atmosphère. Les parties des caps polaires les plus rapprochées du bord du disque n’auraient plus leur éclat remarquable. Cet éclat ne peut s’expliquer que dans l’hypothèse d’une atmosphère très mince.

L’augmentation et la diminution des calottes polaires, suivant les saisons, combinées avec leur couleur blanche, ont conduit la plupart des observateurs à supposer qu’elles sont composées de neige et de glace. Cette manière de voir suggère immédiatement l’idée que Mars a une atmosphère contenant de la vapeur d’eau. Les calottes sont certainement analogues à celles de la Terre, mais seulement en ce qui concerne leur variation d’étendue et leur coloration blanche. En réalité, l’analogie ne s’étend pas plus loin.

Un observateur placé sur la Lune ou sur Mars et regardant la Terre serait contrarié dans ses observations non seulement par notre atmosphère, mais aussi par les nuages. L’hémisphère tourné de son côté ne serait jamais entièrement pur. Nous savons que parfois presque tout le centre et les régions orientales de l’Amérique du Nord sont recouverts de nuages qui s’étendent, en même temps, loin dans la mer. Pour un observateur en dehors de la Terre, les surfaces nuageuses seraient plus brillantes que les pures. Le contraste entre les régions nuageuses et les régions pures de tout nuage serait plus grand qu’entre les terres et les mers. Il n’est pas probable que nos limites permanentes entre les continents et les océans soient visibles de loin, même par un ciel serein, à cause du ciel bien plus brillant qui les recouvre. Mais supposons que ces limites soient réellement visibles. Elles seraient certainement compliquées et perdues par un ciel nuageux. Il est probable que nos régions polaires sont enveloppées de nuages plus de la moitié du temps ; dans la zone tempérée, la proportion est inférieure à la moitié du temps ; dans certaines régions équatoriales, il y a nébulosité presque perpétuelle.

Sur Mars, les conditions sont bien différentes. On n’a probablement jamais vu de nuages sur cette planète. Les calottes polaires augmentent et diminuent. Si ces calottes étaient composées de neige, nous devrions nous attendre à voir, à l’époque de leur fusion, des nuages sur les régions polaires. Nous n’avons aucune preuve que des nuages apparaissent en ces régions. Au contraire, les bords de la calotte polaire sont dépourvus de nuages pendant des semaines et des mois. Des projections brillantes ressortent du bord de la calotte polaire sur