Page:Flammarion - La Planète Mars et ses conditions d’habitabilité, tome 2, 1909.djvu/121

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
114
LA PLANÈTE MARS.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

Il admet cependant que le disque de la planète paraît parfois d’un éclat inexplicable, et que de petits points brillants ont été remarqués, mais il n’a observé aucune forme de masses aériennes mobiles. Qu’il y ait des nuages dans l’atmosphère, il le déduit de certains phénomènes visibles au terminateur et observés par M. Douglass. Pendant l’opposition de 1894, il n’y eut pas moins de 736 irrégularités observées sur le terminateur ; quelques-unes ont paru être des projections lumineuses et d’autres des obscurcissements.

« Il est fort improbable qu’elles soient dues à des montagnes, lorsqu’on tient compte de tous les faits concernant la planète ; il paraît plus simple de les attribuer à des nuages. » M. Lowell discute ce sujet assez longuement, et finalement considère que ces irrégularités doivent être produites par la présence de ces derniers. Ces points lumineux vus sur le terminateur depuis 1890 paraissent indiquer la présence de montagnes sur la surface martienne, de sorte que les déformations du terminateur sembleraient plus probablement dues à cette cause qu’à des bancs de nuages.

Nous arrivons maintenant au troisième Chapitre du Livre, la question de l’eau et des mers. Durant ces observations, on vit toujours une bande bleue suivant le cap lorsqu’il se retirait vers le pôle, montrant que l’eau se formait actuellement de la fonte des neiges. Les taches signalées par Green et Mitchel ont été vues aussi ; on trouve qu’elles devaient être formées sur un sol à un niveau plus élevé que celui des environs, sortes de talus recouverts de glace qui réfléchissaient brillamment les rayons du Soleil.

M. Lowell a adopté un plan très simple et très ingénieux pour montrer au lecteur les aspects différents de Mars. Il a construit un globe portant tous les détails constatés à son Observatoire, et a ensuite photographié le globe de douze côtes différents. Nous reproduisons ici (fig. 118-121) quatre de ces photographies, qui suffisent pour montrer l’ensemble de ce globe. Ainsi le lecteur fait, pour ainsi dire, un voyage autour de la planète. Le merveilleux réseau des canaux est vraiment saisissant, et la quantité de détails observés surpasse tout ce qui avait été obtenu précédemment. Les chapelets d’oasis sont d’un aspect extraordinaire.

L’auteur conteste l’existence des mers et soutient que des faits importants conspirent pour jeter de grands doutes sur leur caractère aquatique. Les deux principaux sont, premièrement, que des centaines de mille de kilomètres carrés disparaissent dans un espace de temps étonnamment court ; et, deuxièmement, que les observations du polariscope ne donnent aucune indication de polarisation. Deux questions alors se dressent ici : d’abord, que devient l’eau provenant de la fonte des neiges polaires ? Ensuite, que représentent les taches d’un ton bleu vert qui parsèment la surface de la planète ? Ces dernières sont, d’après M. Lowell, des plaines couvertes de végétation ; on a observé que leurs tons changent avec les saisons ; il insinue cependant qu’autrefois elles ont été des mers, mais que la quantité d’eau a maintenant tellement diminué qu’elle ne circule plus que dans les canaux profonds.

Il définit les mers martiennes comme intermédiaires en évolution entre les