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LA PLANÈTE MARS.

tivement proches du pôle se sont fondues plus rapidement que les parties extérieures.

Mais il y a, sur ce sujet, des preuves encore plus frappantes. Le 8 juin, à 1h 26m du matin (temps moyen de Paris), on remarqua tout d’un coup des points éblouissants semblables à des étoiles, sur le côté suivant de la calotte polaire. Au bout de quelque temps, ces points avaient disparu. Ils se trouvaient situés vers 291° de longitude et 76° de latitude aréographique, c’est-à-dire entre la brèche et le grand golfe. Le 10, on a vu d’autres points étoilés semblables aux premiers, mais un peu plus à l’Est et moins brillants. Ces observations ont été répétées les 11, 13 et 14 juin. Quelquefois les points brillaient comme des étoiles ; en d’autres circonstances, ils apparaissent comme des taches très blanches sur le fond plus jaune de la calotte. Le 12, on a observé des points analogues à l’Est de la calotte, c’est-à-dire de l’autre côté de la grande brèche.

Ces observations conduisent l’auteur à admettre l’existence de deux chaînes de montagnes dans la région polaire. C’est de leurs flancs sud-sud-ouest que sont venus les brillants reflets, comme on le trouve en faisant les calculs nécessaires.

Les contours des continents ont été bien nets, à l’exception de Thaumasia, qui est la partie la plus australe des terres. Au contraire, la région comprise entre les continents et la calotte polaire neigeuse est restée indécise. Les taches sombres étaient, en général, d’une même teinte, plus ou moins foncée, depuis la mer polaire qui était la plus sombre, jusqu’aux îles dont il était impossible de bien marquer les contours, tant les teintes se confondaient. Les péninsules, qui ressortent quand la saison est plus avancée, ne se voyaient pas. Les choses se passaient tout à fait comme si les régions situées entre la calotte et les continents avaient subi une inondation produite par la fonte des neiges polaires australes.

En de bonnes conditions atmosphériques, les couleurs du disque étaient superbes. Quelquefois les continents se montraient d’un rose orange ; les mers d’un vert bleuâtre. Au lever du soleil, les océans sont devenus bleus (bleu un peu plus faible que le bleu du ciel à 2 200 mètres de hauteur, le ciel de l’Observatoire), tandis que les continents et les îles ont revêtu une teinte rose très remarquable. Les couleurs des mers ne proviennent donc pas d’un effet de contraste puisque, du moment que les continents sont devenus moins jaunes, le contraste aurait exigé que les mers fussent devenues plus jaunes, et non pas bleues.

« En général, ajoute M. Lowell, les meilleurs moments d’observation se sont manifestés environ trois quarts d’heure après le lever du soleil. Ce n’est pas que l’air fût plus calme à cette heure, mais la clarté du jour tempérait un peu l’éclat.

» Je n’ai point distingué de nuages, quoique l’atmosphère de Mars offrît l’apparence de contenir beaucoup de vapeur d’eau. Le bord du disque (côté ouest) s’est montré constamment enveloppé d’une lumière jaune très épaisse, mais