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LES SATELLITES VUS DE LA PLANÈTE.

il sera question plus loin, il admet la théorie cinétique des gaz, d’après laquelle chaque molécule de gaz est animée d’un mouvement rapide qui cause des rencontres et des chocs perpétuels entre elles. L’hydrogène représenterait la plus grande rapidité : ses molécules circuleraient avec la vitesse moyenne de 1 600 mètres par seconde, à la température de 64° au-dessous de zéro, qui paraît être celle des régions limitrophes de notre atmosphère, et atteindrait en certaines circonstances une rapidité sept fois plus grande, supérieure à celle qui serait nécessaire pour lancer un projectile hors de l’attraction de la Terre. L’absence d’hydrogène dans l’air terrestre serait due à cette vitesse qui, aux limites de notre atmosphère, lancerait constamment dans l’espace les molécules d’hydrogène qui y arriveraient.

L’absence, ou à peu près, d’atmosphère sur la Lune serait due à ce que la gravité étant très faible à la surface de notre satellite, les vitesses des molécules d’oxygène et d’azote sont suffisantes pour les envoyer dans l’espace.

À la surface de Mars, la vitesse qui serait nécessaire pour envoyer un projectile hors de la planète est d’environ 4 800 mètres. Comme la vitesse des molécules d’hydrogène dépasse souvent cette limite, l’hydrogène libre ne peut pas subsister dans l’atmosphère de cette planète. L’oxygène ayant une vitesse moléculaire du quart de celle de l’hydrogène peut exister sur Mars. La vapeur d’eau est animée de vitesses égales au tiers de celles des molécules de l’hydrogène et peut probablement être retenue par la gravité martienne ; mais c’est juste à la limite.

Les plus forts grossissements pratiques appliqués à l’étude de Mars, ceux du grand équatorial de l’Observatoire Lick, étant d’environ 1000, et la distance moyenne de Mars étant de 56 000 000 de kilomètres, il n’est presque jamais rapproché à moins de 56 000 kilomètres, soit à douze fois la distance qui sépare les rivages de l’Europe de ceux de l’Amérique. Des aspects de la dimension des Alpes peuvent y être reconnus ; la dernière limite serait une tache de la dimension de Londres. On n’y distinguerait ni Liverpool ni Manchester. Les détails des variations des neiges polaires y sont bien visibles et bien suivis. Il n’est pas douteux qu’il y ait là un élément solidifié par le froid et fondu par le Soleil, très probablement de la neige.

Les canaux de Mars plaident aussi en faveur de l’eau. Ils paraissent être des prolongements des mers à travers les continents.

L’astronome anglais termine son étude en concluant que Mars est plus ancien que la Terre et que la vie qui a pu se produire là est probablement beaucoup plus avancée que la nôtre, peut-être à son déclin, peut-être même disparue. Il n’y a pas de raisons pour qu’elle soit contemporaine de la nôtre, qui n’occupe qu’une phase temporaire rapide de l’histoire de notre globe.