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LA PLANÈTE MARS.

M. Maunder reconnaît d’ailleurs lui-même, de très bonne grâce, la difficulté.

L’état actuel de Mars est, semble-t-il, au moins aussi chaud que le nôtre.

Sans doute la vapeur d’eau joue-t-elle là un rôle considérable dans l’absorption calorifique !

Comment concilier des données si contradictoires ?

Le premier point à ne pas perdre de vue est que la chaleur et la lumière qui arrivent sur une planète ne donnent pas la mesure de celles qu’elle possède effectivement. Des quantités qui arrivent sur la Terre, la moitié environ est renvoyée dans l’espace par notre atmosphère elle-même, et une autre quantité est réfléchie par les nuages. Toute cette partie est perdue pour l’échauffement de l’air ou du sol. Si nous admettions que tous les rayons calorifiques solaires qui arrivent sur Mars soient utilisés à l’échauffer, cette seule condition assimilerait ses climats aux climats terrestres. Or, c’est la surface de Mars qui réfléchit la lumière solaire, plutôt que son atmosphère ou ses nuages, comme dans le cas de la Terre, de Vénus et de Jupiter. La température de cette planète peut donc être très supérieure à celle qui résulterait uniquement de sa distance au Soleil.

Mais, d’autre part, comme nous n’observons du globe de Mars que le côté éclairé, et chauffé par le Soleil, il est possible que ce que nous ne voyons pas, c’est-à-dire le côté de la nuit, soit très froid, et qu’il y ait là toutes les nuits de la neige on de la gelée blanche, qui fondrait au soleil levant. Le ciel peut aussi facilement s’y couvrir pendant la nuit, par suite de la condensation de la vapeur d’eau.

L’évaporation doit y être facile et rapide ; le point d’ébullition y est sans doute vers 46° au lieu de 100°. La condensation nocturne peut servir à conserver la chaleur.

M. Maunder examine ces considérations et conclut qu’en définitive Mars n’est probablement pas aussi froid que l’indiquerait sa distance.

clxxi.Mars, par Sir Robert Ball[1].

L’auteur examine d’abord la planète au point de vue de l’atmosphère et de la vie. Les êtres vivants, fait-il remarquer, « utilize the atmosphere by obtaining a proximate source of energy in the union of oxygen with oxidizable materials within their bodies ». Partant de là, M. Ball pose d’abord, en principe, que les atmosphères sont en proportion du volume des corps célestes et cite comme exemples extrêmes dans notre système le Soleil et la Lune, le premier enveloppé d’une atmosphère immense, le second dépourvu d’une atmosphère notable. Épousant ensuite les vues de M. Johnstone Stoney, dont

  1. Publications of the Astr. Soc. of the Pacific, t. V, 1893, p. 23.