Page:Flammarion - La Planète Mars et ses conditions d’habitabilité, tome 2, 1909.djvu/110

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
103
MAUNDER. — LA CLIMATOLOGIE MARTIENNE.

la différence entre le climat d’Arkhangel et celui de Cayenne donne l’indication de celle qui doit exister entre les températures équatoriales des deux planètes.

Mais ce n’est pas tout. L’atmosphère de Mars est beaucoup moins dense que la nôtre. La masse de Mars n’étant que le neuvième de celle de notre globe, et son diamètre étant plus petit, la pesanteur à la surface n’est que les deux cinquièmes de la pesanteur à la surface de la Terre. Si la force de l’attraction terrestre était diminuée jusqu’à la valeur de ce qu’elle est sur Mars, notre atmosphère s’étendrait deux fois et demie plus haut qu’elle ne l’est actuellement, et la pression à la surface du sol serait réduite dans la proportion de 28 à 11. Si nous admettons qu’il y ait la même quantité d’air au-dessus de chaque mètre carré de la surface de Mars et de la Terre, cette atmosphère s’élèverait à une plus grande hauteur et exercerait une moindre pression. L’auteur en conclut que le froid y est par conséquent beaucoup plus vif, analogue, à l’équateur même, à celui que l’on éprouverait au sommet d’une montagne de 6 000 ou 7 000 mètres de hauteur située au Spitzberg.

On pourrait imaginer, ajoute-t-il, que l’atmosphère de Mars est assez considérable pour exercer à la surface une pression aussi grande que celle qui existe sur la Terre ; il faudrait pour cela, pour chaque unité de surface, cinq fois plus d’air qu’ici ; mais tel n’est pas le cas martien, car alors une telle atmosphère nous voilerait les détails de la surface, que l’on distingue si clairement.

D’ailleurs, si nous comparons Mars, la Terre, Vénus et Jupiter, nous voyons que plus la planète est grande, plus dense et moins transparente est son atmosphère. Pour la Terre, MM. Langley et Pickering ont montré que la perte de lumière d’un rayon qui arrive du zénith est de la moitié, le reste étant partiellement absorbé par notre atmosphère, réfléchi et diffusé par les fines particules qui la remplissent. Un observateur placé sur Vénus aurait par conséquent la plus grande difficulté à apercevoir, même par le plus beau temps, les configurations géographiques de la surface terrestre.

Toutes ces considérations réunies conduisent à penser que Mars est glacé. Si l’atmosphère de Mars est relativement à la masse de la planète dans la même proportion que l’atmosphère terrestre relativement à la masse de la Terre, sa densité à la surface n’est que le 1/7 de celle que nous respirons. C’est la raréfaction que l’on éprouve en ballon à une hauteur de 15 000 mètres !

Ainsi pense scientifiquement le savant astronome de l’Observatoire de Greenwich. Seulement… l’observation de Mars ne s’accorde pas avec ces conjectures, puisque les neiges de cette planète fondent même plus complètement autour de ses pôles que les neiges terrestres, et que tous les changements observés indiquent un état climatologique général au moins aussi élevé que le nôtre, — à moins d’admettre que ces neiges polaires ne sont pas de même nature que les nôtres, ce qui d’ailleurs est possible, mais n’est pas probable a priori.