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LA PLANÈTE MARS.

roirs, de telle sorte qu’ils puissent renvoyer la lumière solaire, par éclairs et éclipses, dans la direction de Mars. L’absorption de lumière produite par notre atmosphère sur la marche de ses rayons entre la Terre et Mars au méridien ne serait pas supérieure à celle qui est produite par une distance horizontale de 1 600 mètres. Ces signaux seraient, par conséquent, faits de jour, quoique Mars ne soit pas visible à l’oeil nu pendant le jour.

La seconde proposition, due à M. Haweis, préfère, à la précédente, le côté de la nuit et les signaux électriques. C’est, en effet, son hémisphère non éclairé que la Terre tourne vers Mars, aux périodes d’opposition. Chaque nuit, la ville de Londres montre au ciel une surface d’au moins douze milles carrés brillamment illuminée. Cette lumière pourrait être considérablement accrue par quelques phares électriques. Si l’on pouvait produire des éclipses alternatives dans ce grand foyer de lumière, cela suffirait peut-être pour essayer des signaux nocturnes avec Mars.

M. Lockyer reproduit ces deux propositions, et penche du côté de la dernière[1]. L’observation des satellites de Mars prouve qu’un foyer de lumière, qui mesurerait 12 à 15 kilomètres de diamètre, et qui serait aussi lumineux qu’un objet éclairé par la lumière solaire, et projeté sur l’hémisphère obscur de la Terre, serait visible de Mars, à l’aide d’instruments équivalents aux nôtres. Remarquons toutefois qu’une surface de plusieurs kilomètres composée de points lumineux très séparés les uns des autres serait loin d’égaler en éclat celle d’un corps illuminé par la lumière solaire.

La Revue scientifique anglaise Knowledge a publié à la même époque (1893), un fort intéressant article de M. Maunder, astronome à l’Observatoire de Greenwich, sur le climat de Mars.

Cette planète ne recevant du Soleil, à surface égale, que les trois septièmes de la chaleur que nous en recevons, et la température de l’espace étant de 273° au-dessous de zéro, l’auteur fait remarquer que la température de Mars devrait être de 130° à 140° au-dessous de zéro. Si aucune cause ne la relevait, telle serait la température moyenne de l’ensemble de la planète !

Toutefois, les zones climatologiques différeraient entre elles, et l’équatoriale serait naturellement la plus chaude. En quelle zone du globe terrestre la lumière et la chaleur reçues du Soleil sont-elles les trois septièmes de ce qu’elles sont à son équateur ? C’est à la latitude de 62° que les rayons solaires arrivent assez obliquement pour ne pas en donner davantage. M. Maunder en conclut que

  1. Dans cet Ouvrage classique, il n’a pas été question des projets de communication entre Mars et la Terre, malgré les 600 pages du premier Volume. Je rappellerai pourtant ici à ce propos l’ingénieux projet d’éclairs alternatifs imaginé en 1869, par mon ami Charles Cros, et que j’ai publié depuis, dans mon petit livre Excursions dans le Ciel.