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LE DÉDOUBLEMENT DES CANAUX.

au delà de 12 300 mètres, soit 1/518 de rayon terrestre, on voit que le dernier chiffre de M. Meunier donnerait, pour la hauteur de la couche brumeuse au-dessus de la surface de Mars, une hauteur 43 fois plus considérable que celle de nos cirri, toutes choses égales d’ailleurs.

Mais si la pesanteur sur Mars n’est guère qu’un peu plus du tiers de ce qu’elle est ici, la densité de son atmosphère est aussi incomparablement plus faible que celle de la Terre, et nous nous figurons très mal des aiguilles de glace en suspension mécanique à 563 kilomètres de hauteur dans un milieu si raréfié.

Le mystère de la gémination des canaux n’est donc pas encore résolu par cette hypothèse.

clxix.Sur le Dédoublement des canaux de Mars.

Un correspondant anonyme, qui s’intitule « Un Lecteur de La planète Mars », nous a adressé la communication suivante :

Dans l’hypothèse d’une construction intentionnelle des canaux de Mars, ne pourrait-on admettre l’existence d’un vaste réseau de canaux creusés : 1o pour mettre en communication entre elles les grandes mers, et les canaux entre eux ; 2o pour assainir les plaines et favoriser l’agriculture ; 3o pour combattre les effets des grandes inondations, périodiques ou non, qui paraissent se produire sur ce monde de Mars ?

Les variations constatées dans l’aspect des canaux simples pourraient être attribuées à des modifications résultant soit des forces naturelles, soit des travaux artificiels dont la rapidité peut nous surprendre mais qui pourtant sont concevables, étant données les circonstances spéciales à la planète.

La fonte des neiges polaires en été peut occasionner, comme sur la Terre, des débâcles, une accumulation subite d’eau dans les mers circumpolaires, leur débordement et des crues subites dans les fleuves et canaux communiquant avec ces mers. J’emploie avec intention le mot communiquant et non se jetant dans ces mers, parce que les fleuves semblent plutôt produits par le déversement des mers polaires vers l’équateur que par le mouvement inverse.

Ceci posé, sur une planète où ce vaste réseau de canaux simples a pu être creusé artificiellement, il est facile d’admettre que l’on ait songé aussi à s’opposer aux effets de ces inondations, peut être même à en tirer parti pour l’agriculture, en utilisant l’excès d’eau des crues.

Je suppose donc que, les canaux simples étant sujets à des débordements rapides et périodiques, on a eu l’idée d’en modérer les effets, en creusant parallèlement à ces canaux simples des lits préparés d’avance, prêts à recevoir les eaux des crues et à les empêcher de se propager trop loin.