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LA PLANÈTE MARS.
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M. Herman Fritz, à Chattanooga, Tennessee (États-Unis), à l’aide d’un télescope de 8 pouces 1/2 monté équatorialement, a remarqué surtout que le cap polaire sud était nettement limité pendant les mois de juin et juillet et que l’atmosphère martienne paraissait plus dense sur le limbe occidental que partout ailleurs. Le 18 juillet, une tache blanche très brillante se détachait du bord boréal du cap polaire sud. Le 26, une longue ligne blanche fort étroite s’en séparait, donnant l’impression d’une bande de glaces flottantes. La baie du Méridien a paru assez foncée.

M. de Moraes Pereira, à Saint-Michel (îles Açores), a fait, à l’aide d’une lunette de 108mm de Bardou, une série de dessins, dans lesquels on reconnaît les principales configurations de la planète. Cette lunette est excellente, dédouble Antarès pendant la nuit, montre cinq satellites de Saturne, etc.

Nous devons signaler aussi dix dessins dus à M. Lucien Rudaux, observateur à Donville (Manche), et obtenus à l’aide d’une lunette de 95mm de Secrétan. Résultats remarquables pour un objectif de cette dimension.

M. Norguet, à Tours, à l’aide d’une lunette de 81mm, a surtout constaté la diminution rapide des neiges polaires, à partir du 10 juillet.

M. Marcel Moye, observateur à Bordeaux, nous a adressé la Note suivante :

Lumière de Mars. — Mars vient de passer à l’une de ses plus grandes proximités de la Terre, malheureusement avec une forte déclinaison australe qui a été fort nuisible aux observations. Possesseur d’instruments trop faibles pour étudier avantageusement la configuration géographique de la planète, j’ai porté mon attention sur les caractères physiques de sa lumière.

La lumière de Mars est, comme chacun sait, d’un rouge orangé intense, supérieure comme teinte à celle de son rival Antarès, et rappelant un feu observé de jour. Quand Mars est à l’horizon, il se confond absolument avec la lumière terrestre.

Cette année, Mars m’a paru inférieur en lumière à Vénus ou à Jupiter, mais supérieur aux étoiles de première grandeur, y compris Sirius. Cette intensité m’a donné l’idée de rechercher si l’on pouvait obtenir des ombres sensibles, ce dont, à ma connaissance, nul observateur n’a encore parlé.

J’ai obtenu les résultats suivants.

La planète a été observée par environ 20° de hauteur, un peu avant le passage au méridien. Il n’y avait pas de clarté lunaire, mais les lumières de la ville illuminaient assez l’atmosphère pour reconnaître les principaux objets.

En laissant la fenêtre de la pièce grande ouverte et en s’approchant du mur opposé, on distinguait un espace faiblement lumineux offrant le contour de la fenêtre et sur lequel se détachaient assez bien les ombres de la main et de divers objets. On pouvait même deviner la silhouette des boiseries de la fenêtre, bien que celle-ci fût à plusieurs mètres du mur.