Page:Flammarion - La Planète Mars et ses conditions d’habitabilité, tome 1, 1892.djvu/98

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
86
LA PLANÈTE MARS.

Opposition de 1807.
Même lunette.

J’ai vu constamment sur le disque de cette planète, et dans la partie australe, une tache en forme de bande, d’une teinte tant soit peu plus foncée que le reste du disque, longue, étroite, mal terminée et dirigée de l’Est à l’Ouest ; cette bande était très peu sensible (fig. F). J’ai remarqué de plus que toute la partie boréale du disque était parfaitement blanche et avait beaucoup d’éclat, particulièrement autour du point correspondant au pôle boréal.

Opposition de 1809.
Avec la même lunette achromatique.

Le bord occidental de cette planète paraissait blanc et brillant, le bord oriental rouge foncé ; on voyait deux taches, une longue en forme de bande, dirigée de l’Est à l’Ouest dans la partie australe du disque, et l’autre, plus petite, irrégulièrement arrondie, placée dans la partie boréale, proche du bord occidental ; ces deux taches étaient d’un rouge plus foncé que le reste du disque (fig. G).

Ces taches m’ont paru en général confuses et mal terminées, au point qu’il était difficile de distinguer exactement leurs contours et leur juste étendue : on peut remarquer que c’est principalement dans la partie australe du disque de Mars que paraissent ordinairement les taches.

À l’égard de la tache ovale, très remarquable par son éclat et par sa blancheur, que j’ai observée en 1798 et qui correspondait sur le disque au pôle austral de Mars, elle fut aussi observée par MM. Messier, Duc la Chapelle et Vidal.

Ces taches blanches, ovales, constamment correspondantes aux pôles de Mars, nous offrent exactement les mêmes apparences que doivent présenter, vues de Mars, les calottes de glace et de neige qui entourent les pôles du globe terrestre ; aussi M. Herschel n’a pas balancé d’attribuer ces taches blanches aux neiges et aux glaces dont les pôles de Mars doivent être entourés, et on ne peut qu’applaudir à cette explication qui paraît parfaitement bien fondée.

Pour ce qui est des taches rouges et obscures de Mars, dont l’apparence a toujours été différente dans les diverses observations que j’ai faites, on pourrait peut-être penser que ces changements étaient purement optiques et qu’ils provenaient de ce que, à raison du mouvement de rotation de Mars autour de son axe, l’hémisphère visible de cette planète n’étant pas le même que dans les observations précédentes, ne pouvait présenter les mêmes apparences. Pour apprécier cette objection, et évaluer l’effet du changement produit par le mouvement de rotation, j’ai pris pour terme de comparaison le méridien de Mars dont le plan passait par le centre de la Terre au moment de la première observation, ou le 14 juin 1796 à minuit, temps moyen. Ce méridien, que je nommerai premier méridien de Mars, doit être censé fixé au globe de cette planète, et tourner avec ce globe tout comme le premier méridien du globe terrestre est supposé fixé à l’île de Fer.