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LA PLANÈTE MARS.

XXVII. 1796, 1798, 1800, 1802, 1805, 1807, 1809, 1813. — Flaugergues[1]

Honoré Flaugergues avait son observatoire à Viviers (Ardèche), qu’il a illustré par un grand nombre d’observations intéressantes. Il observa Mars notamment de 1796 à 1809, puis, de nouveau, en 1813. Les premières observations ont paru dans le Journal de Physique, tome LXIX, année 1809, p. 126, et les secondes dans la Correspondance astronomique du baron de Zach, tome I, 1818, p. 180. Voici d’abord un extrait du premier mémoire, avec les sept dessins (fig. 59) qui l’accompagnent. L’auteur constate que ces taches sont variables, et se propose surtout de décider si elles appartiennent au sol ou à l’atmosphère.

J’ai observé Mars quelques jours avant et après l’opposition et toujours dans le méridien ou fort proche, et j’ai dessiné, avec le plus grand soin, les taches qui paraissaient et dont je vais donner la description et la figure réduite à la phase qu’elles présentaient au passage de Mars par le méridien, le jour de l’opposition, environ à minuit, temps moyen. Dans toutes ces figures, l’axe de Mars est disposé suivant le diamètre vertical, le pôle boréal en haut,

Opposition de 1796.
Lunette astronomique de dix-huit pieds de foyer ; grossissement = 105.

J’ai vu constamment dans la partie australe du disque une tache d’un rouge obscur en forme de croissant ou de fer à cheval, dont les branches étaient tournées vers le Nord (fig. A).

Opposition de 1798.
Lunette achromatique de quarante-quatre pouces de foyer ; grossissement = 90.

J’ai vu constamment dans la partie australe du disque de cette planète deux bandes parallèles assez larges, d’un rouge obscur, dirigées de l’Est à l’Ouest et séparées par une bande plus étroite et plus claire. J’ai vu encore, dans la même partie australe, une tache blanche, ovale, immobile, placée près du bord, environ seize degrés à droite du vertical dans la lunette qui renversait les objets (fig. B).

Opposition de 1800.
Même lunette.

J’ai vu constamment une grosse tache ronde, d’un rouge plus foncé que le reste du disque, dont le centre était un peu plus boréal que celui de la planète. Cette tache, dans sa partie australe, était terminée par un appendice en forme de crochet, dont la courbure était semblable à celle de la grosse tache (fig. C).

  1. Les taches de la planète Mars. — Aux observations de Flaugergues, en 1796, nous pouvons en ajouter une, faite le 18 avril, sur le contact de la planète avec l’étoile de 6e grandeur b du Sagittaire : Mars venait de passer devant cette étoile, qui ne reprit complètement son éclat que lorsqu’elle fut éloignée à la moitié du diamètre de la planète. L’observateur attribue avec raison cette diminution à l’éclat de Mars.