Page:Flammarion - La Planète Mars et ses conditions d’habitabilité, tome 1, 1892.djvu/95

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
83
ANCIENNES OBSERVATIONS. — SCHRŒTER.

que des mers débordent sur des plages, sur de vastes plaines et changent leurs contours.

Mais la diversité des dessins de Schrœter, Herschel, Maraldi, Cassini, Bianchini, etc., est telle qu’il est impossible d’admettre que ces dessins aient jamais rigoureusement représenté la géographie de la planète. Tous les observateurs qui ont dessiné Mars savent qu’il est extrêmement difficile de reproduire juste ce que l’on voit, parce que les formes sont presque toujours indécises, diffuses, vagues, sans contours arrêtés, et parfois tout à fait incertaines. Les aspects sont vagues, faibles, douteux, difficiles à dessiner, les instruments diffèrent, les yeux et la manière de voir diffèrent plus encore peut-être. Néanmoins, il est manifestement impossible de tout attribuer à des erreurs d’observation, d’autant plus que toutes ces taches ont servi à déterminer la rotation de la planète et la position de l’axe. Il faut donc que ces observations aient une base réelle.

Les mers martiennes donnent-elles naissance, par l’évaporation, à des brumes sombres, sombres vues d’en haut, lorsqu’elles sont éclairées en plein par le Soleil ? Ces brumes, ces nuées, se disposent-elles selon les formes observées ? — Il nous paraît difficile d’éviter cette double interprétation.

Sur la Terre, on ne voit pas de nuages noirs — d’en haut, du côté de l’illumination solaire. (L’observation de Schrœter, citée plus haut, a dû être faite obliquement.) La surface supérieure des nuages est blanche comme de la neige. Mais il peut exister des brumes dont la constitution moléculaire soit telle qu’elle réfléchisse mal la lumière incidente. Nos observations exclusivement terrestres ne sont pas suffisantes pour tout nous apprendre. Les autres mondes doivent plus ou moins différer de celui que nous habitons. D’ailleurs, nous voyons sur Jupiter et sur Saturne des bandes sombres et des taches foncées dont un certain nombre sont certainement de formation atmosphérique.

Ces variations sont désormais incontestables.

Mais n’ayons pas la prétention de résoudre dès ce moment tous les problèmes offerts par l’analyse des aspects de Mars. Signalons sincèrement tous les faits à mesure qu’ils se produisent. Et poursuivons notre étude.

XXVI. 1794. — Von Hahn.

On trouve dans l’Astronomisches Jahrbuch für 1797 un dessin de cet observateur, qui n’ajoute rien aux travaux qui précèdent, et que nous ne signalons que pour mémoire.