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LA PLANÈTE MARS.

de toutes celles que nous avons eu à examiner depuis les premières pages de cet ouvrage.

Tout ce qui a été déterminé par les travaux des observateurs antérieurs est confirmé : rotation diurne, inclinaison de l’axe, saisons, glaces polaires, atmosphère. Nous entrons graduellement dans la connaissance de ce monde. L’aplatissement polaire reste douteux.

La détermination de la topographie martienne n’a pas encore fait de grands progrès. Nous venons de voir que Schrœter est même convaincu, par sa longue série d’observations, que les taches sombres de la planète ne sont pas des mers, mais sont formées par des nuages. C’était également la conclusion à laquelle Maraldi avait été conduit.

Malgré toute l’habileté de ces observateurs et malgré l’excellence de leur jugement, cette conclusion ne peut pourtant pas être adoptée. En effet, plusieurs des taches observées et dessinées par l’astronome de Lilienthal sont fixes, permanentes. Notre fameuse mer du Sablier, la plus caractéristique de toutes, se montre, comme nous venons de le voir, sur un grand nombre, entre autres sur les fig. 1, 2, 54, 55, 56, 161, 162, 175, 197. La baie du Méridien se voit sur les fig. 52, 53, et 161. Ce sont même là les premières observations certaines de ce point si important choisi en 1830 par Beer et Mädler pour origine des méridiens de Mars. La mer Maraldi est reconnaissable sur la fig. 67 et ailleurs sous forme de bande analogue à celles de Jupiter. D’autre part, les observations modernes prouvent la permanence des taches principales. Ainsi Schrœter se trompe sûrement dans sa conclusion, et il en a été de même de Maraldi.

Pourtant toutes ces observations nous prouvent qu’il s’opère sur Mars des changements réels et considérables. Il n’y a plus à hésiter dès maintenant. Il nous faut admettre que les taches sombres de Mars sont formées d’une part par des régions fixes, qui, sans doute, sont des mers, puisqu’il est connu que l’eau, les liquides, absorbent une partie de la lumière incidente, tandis que les surfaces continentales la réfléchissent mieux. D’ailleurs, qu’il y ait de l’eau sur la planète Mars, c’était plus que probable dès le jour où l’on eut observé ses neiges polaires et ses nuages, et c’est aujourd’hui rendu certain par l’analyse spectrale.

Il nous faut admettre, dis-je, que les taches sombres de Mars sont formées dune part par des mers fixes, et d’autre part par un élément instable. Cet élément instable est peut-être de même nature que les mers : c’est peut-être également de l’eau, sous un autre état.

Ce fait est absolument démontré par les observations que nous venons de discuter jusqu’ici, de Maraldi à Schrœter. Les croquis de Huygens, Cassini, Hooke concordent avec cette déduction.

Parfois peut-être, lorsque les changements sont faibles, on peut admettre