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LA PLANÈTE MARS.

moindres dimensions pendant l’été de son hémisphère. Nettement séparée du bord, elle apparaît comme un point lumineux. Elle reprend ensuite du développement tandis que le Soleil s’abaisse vers l’équateur de Mars. Les climats et saisons de ce monde voisin sont donc bien indiqués dès cette époque.

RÉSUMÉ DES OBSERVATIONS.

Ainsi Schrœter a observé presque toutes les particularités que l’on remarque aujourd’hui en étudiant les taches polaires : la variabilité de l’éclat et de l’extension, l’inégalité de cette extension dans diverses directions, et, sous ce rapport, il dit expressément que ces taches n’ont pas un contour circulaire régulier, tache polaire éclatante entourée de lueurs moins vives, zone brillante bordée d’un trait obscur, saillie apparente de la tache par irradiation.

De plus, l’auteur attache une certaine importance à une différence d’aspect qu’il signale entre les deux taches polaires : la méridionale lui paraît blanche et jaunâtre, la septentrionale un peu bleuâtre.

Rappelant les observations de Cassini, de Maraldi et de W. Herschel, Schrœter remarque d’abord que la constance de ces apparitions aux pôles doit être en relation avec un climat particulier de cette région de la planète ; les modifications de ces taches dénotent, selon lui, l’influence des phénomènes atmosphériques. Cependant l’auteur ne peut admettre que les apparitions et les disparitions de ces taches soient en rapport régulier avec les saisons. En comparant les observations de Maraldi, de W. Herschel et les siennes propres, il constate, en effet, qu’à une saison donnée de Mars ne correspondent pas toujours des observations identiques des taches polaires, ou, en d’autres termes, que la présence d’une tache neigeuse déterminée ne caractérise pas toujours la même saison : il trouve, par exemple, que la tache méridionale a été observée tantôt pendant l’été méridional, tantôt pendant l’été septentrional. Mais une telle régularité n’est pas nécessaire pour que l’on puisse attribuer les grands phénomènes des taches polaires à l’action du Soleil. À l’époque des solstices martiens, en effet, deux circonstances favorisent l’observation de la tache brillante d’un pôle donné : ou bien l’inclinaison de ce pôle du côté de la Terre coïncidant généralement avec une faible extension de la tache neigeuse, ou bien le plus grand développement de la zone brillante coïncidant avec la situation du pôle dans la région invisible. La première condition est réalisée pendant l’été d’un hémisphère, la seconde pendant son hiver. La tache polaire méridionale, prise comme exemple, peut être observée pendant l’été méridional à la faveur de la première condition et pendant l’été de l’hémisphère opposé à la faveur de la seconde.

« Les zones polaires, dit-il, doivent sans doute leur éclat à un précipité atmosphérique éblouissant. Que l’on s’imagine un ciel couvert, qui donne lieu, sur des surfaces polaires, à un précipité blanc, éblouissant, semblable à notre neige ; que l’on s’imagine aussi les liquides de la surface transformés par le froid en une