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ANCIENNES OBSERVATIONS. — SCHRŒTER.

Ainsi, Schrœter a été amené par ses observations à croire que les taches foncées de Mars sont des nuages. C’est assurément fort étrange. Et ne l’oublions pas, cet astronome est un excellent observateur.

OBSERVATIONS DE SCHRŒTER SUR LES TACHES POLAIRES.

Dans la nuit du 18 au 19 juillet 1798, l’astronome Olbers, qui se trouvait à l’Observatoire de Lilienthal et observait Mars avec le réflecteur de 13 pieds, aperçut la tache polaire méridionale. C’est la première fois que l’on voit figurer ce phénomène dans es dessins de Schrœter. Les deux astronomes constatèrent ensemble que le bord de la planète était plus brillant que le centre ; ce dernier était rougeâtre et tacheté ; mais la région polaire méridionale était très claire, très blanche et très tranchée. Schrœter ne cessa point d’observer cette tache brillante, jusqu’à la fin de l’année.

D’après l’auteur, le solstice méridional de Mars a eu lieu le 27 septembre. Quoi qu’il en soit, les observations se rapportent en grande partie à l’été de l’hémisphère méridional. L’extrémité sud de l’axe s’inclinait vers la Terre, et la région brillante australe a été figurée dans tous les dessins à partir du 18 juillet, tandis que la tache septentrionale resta longtemps invisible.

À l’époque de sa découverte par Olbers, la tache méridionale se faisait remarquer par sa grandeur ; les jours suivants, elle présenta des variations d’éclat et d’étendue ; mais, à partir du 2 septembre, elle parut entrer franchement dans une phase décroissante et devint ensuite extrêmement petite. À partir du 8 octobre, elle se réduisit à un petit disque lumineux nettement séparé du bord de la planète. Dès ce moment, sa fixité, en dépit du mouvement de rotation, permit de déterminer la position du pôle. Le 25 octobre, elle sembla se rapprocher du bord ; le 26, Schrœter la trouva aussi petite que l’un des moindres satellites de Jupiter. Les jours suivants, il la vit se rapprocher de plus en plus du bord, et enfin se confondre à peu près avec lui le 15 novembre.

Le 20 novembre, l’habile astronome retrouve encore la petite tache dans la même Position ; mais une grande lueur qui s’étend à l’occident du petit disque se confond en partie avec lui. Cette nouvelle lueur se déplace par la rotation, comme il fallait s’y attendre, car l’auteur a établi que le pôle est contenu dans la petite tache.

Après ce jour, on ne voit plus figurer que très exceptionnellement dans les dessins la petite zone polaire ; mais l’auteur observe constamment une tache brillante considérable et présentant des différences d’aspect et d’étendue. Enfin, le 20 décembre, la tache polaire boréale paraît à son tour et, pour la première fois, depuis cette date jusqu’au 1er janvier 1799, c’est-à-dire jusqu’à la fin de cette série d’observations, l’auteur voit à la fois les neiges des deux pôles.

Ces phénomènes confirment absolument les observations d’Herschel que nous venons de résumer ; on voit la tache polaire australe réduite à ses