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LA PLANÈTE MARS.

principale ? Pourquoi leur pointe se dirigeait-elle toujours vers le Nord ? Il serait impossible de répondre à ces questions. Mais à la surface de la Terre se produisent aussi des phénomènes qui sont en liaison avec les pôles et se rattachent à une force naturelle appelée magnétique. Peut-être jetterait-on bientôt du jour sur ces phénomènes, si l’on pouvait observer notre Terre d’une distance convenable.
ROTATION DE MARS ET MOUVEMENTS DES NUAGES DE SON ATMOSPHÈRE, D’APRÈS SCHRŒTER.

Les comparaisons faites en 1787 et en 1792 ont donné des valeurs principales assez différentes, d’où l’auteur conclut comme moyenne une durée de

24h 39m 50s

qui, dit-il, se place entre la période d’Herschel (24h 39m 21s), celle de Cassini (24h 40m) et celle de Maraldi (24h 39m). Désespérant de pouvoir obtenir un résultat parfaitement précis, à cause des changements observés dans les taches, il se rallie à la période cassinienne et l’emploie dans tous ses calculs.

Attribuant les taches sombres à des nuages flottant dans l’atmosphère de Mars, l’auteur explique les irrégularités apparentes qu’il trouve dans la durée de rotation par des mouvements réels. Une tache le conduit-elle à une durée de rotation beaucoup trop courte, il conclut qu’elle était douée d’un mouvement propre direct, c’est-à-dire dans le sens de la rotation, et réciproquement. Schrœter est amené ainsi à parler des vents de l’atmosphère de Mars, de leur vitesse et de leur direction. Il calcule soigneusement le déplacement de la tache qui lui semble en désaccord avec la rotation connue, et dresse un Tableau anémométrique dans lequel se trouvent consignées la vitesse et la direction de quarante-cinq mouvements atmosphériques qu’il à constatés pendant ses longues et laborieuses recherches.

Si Schrœter s’est cru fondé, dans certaines circonstances, à étudier sur une aussi grande échelle les phénomènes atmosphériques de Mars, il faut l’attribuer à trois causes : l’absence de points de repère suffisamment précis dans les taches observées, la confusion de taches qui se ressemblent plus ou moins et l’exclusion de toute défiance à l’égard des changements apparents de cette surface planétaire.

Si les taches sont sujettes à de tels mouvements, comment Cassini est-il parvenu, au point de vue où se place Schrœter, à déterminer si exactement la durée de la rotation ? C’est la question que s’adresse l’auteur vers la fin de son ouvrage. « Il est naturel, dit-il, que les taches soustraites à l’action de vents notables seules conviennent à cette détermination ; de même les bandes se dirigeant vers le Sud ou vers le Nord et qui ne se meuvent pas vers l’Est ou vers l’Ouest ; il en est de même des taches isolées, caractéristiques d’une région de la planète, et c’est dans de telles conditions que Cassini et Maraldi ont trouvé une valeur si approchée de la rotation. »