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ANCIENNES OBSERVATIONS. — MESSIER, BAILLY.

triques. Nous savons de plus maintenant 6o que ces taches sont analogues aux glaces polaires terrestres, fondent en été et se reconstituent en hiver ; 7o que le centre des neiges polaires boréales se trouvait en octobre 1781 vers 76° ou 77° de latitude ; 8o que l’atmosphère paraît analogue à celle de la Terre ; 9o que l’obliquité de l’écliptique est sur Mars de 28° 42′. Nous ne parlons pas de l’aplatissement polaire trouvé par Herschel. Cet élément sera discuté plus tard.

Voici donc un grand progrès d’accompli. Années, jours, saisons, climats sont maintenant déterminés : les saisons sont analogues à celles de la Terre comme intensité, quoique près de deux fois plus longues ; de même que sur notre planète, le pôle du froid ne coïncide pas avec le pôle géographique.

Ce sont là assurément des faits intéressants ; ils sont découverts depuis plus de cent ans.

Quant à la connaissance géographique de la planète Mars, on voit que les travaux d’Herschel ne l’ont pas fait avancer d’un seul pas. Ce n’était du reste pas là leur but.

XXIII. 1783. — Messier.

Messier, à Paris, réobserva Mars les 15 et 16 septembre de cette année et remarqua la tache polaire australe en forme de cercle bien défini égale en diamètre à celui du premier satellite de Jupiter, lorsqu’on l’observe sur son disque. Le grand découvreur de comètes fit une observation analogue les 3 août, 19 et 23 septembre 1798. Le dessin publié par la Connaissance des Temps pour 1807 ne contient absolument que l’indication de cette tache polaire, sous forme d’un petit cercle, au pôle austral.

XXIV. 1785. — Bailly[1]

L’illustre historien dont la tête devait tomber huit ans plus tard, avec celle de Lavoisier, sous l’idiotisme des partis politiques, résume ce que l’on savait en France de Mars à son époque. Il ne connaît pas les travaux d’Herschel. Les astronomes français en sont restés à ceux de Maraldi, de 1719.

On voit, dit-il, sur ce globe une tache vers le pôle méridional en forme de zone polaire ; elle était susceptible de changer d’éclat et, quand elle était très claire, Mars ne paraissait pas rond. On jugea que c’était par la même apparence que la partie claire de la Lune paraît excéder les bornes du disque obscur, et

  1. Histoire de l’Astronomie moderne, tome II, p. 603.