Page:Flammarion - La Planète Mars et ses conditions d’habitabilité, tome 1, 1892.djvu/7

Cette page a été validée par deux contributeurs.

PRÉFACE.

Séparateur


L’Astronomie ne doit pas s’arrêter à la mesure des positions des astres : elle doit s’élever jusqu’à l’étude de leur nature.

En cédant au désir qui nous a été exprimé de voir publier un Ouvrage spécial sur la planète Mars, établissant et fixant l’état actuel de nos connaissances positives sur la constitution physique de ce monde voisin, dont l’étude est déjà, en effet, assez avancée pour mériter une synthèse et une discussion générale, nous avons longtemps hésité sur la méthode à employer pour arriver au meilleur résultat scientifique.

Deux méthodes se présentaient tout naturellement à l’esprit.

Ou bien classer nos diverses observations et études de Mars en chapitres spéciaux, tels que : distance à la Terre, révolution autour du Soleil, années, jours, saisons, climats, calendrier, lumière, chaleur, masse, densité, pesanteur, volume, géographie, continents, mers, neiges polaires, atmosphère, eaux et nuages, mouvements, et changements observés, satellites, etc., et traiter chacun de ces sujets séparément ; ou bien prendre la planète dans son ensemble et exposer simplement dans leur ordre historique, chronologique, tous les progrès réalisés par les observations et par les déductions qui en résultent.

Nous avons choisi la seconde méthode, d’abord parce qu’elle nous a paru plus intéressante, en ce qu’elle placera devant nos yeux la marche des faits et des idées, qu’elle écrira d’elle-même l’histoire astronomique de la planète, et que, par là, nous nous rendrons mieux compte du développement graduel de nos connaissances, ensuite parce qu’un sujet domine tous les autres dans l’étude de ce monde voisin et eût fourni un chapitre plus considérable à lui seul que tout le reste ensemble, c’est celui de sa géographie physique, mers, continents et glaces polaires. C’est là, sans contredit, l’objet principal et essentiel des observations télescopiques. Il nous a donc paru plus logique d’exposer dans leur ordre chronologique les études faites jusqu’à ce jour sur ce monde qui, par sa proximité de la Terre et par sa situation favorable pour nos observations, paraît appelé à répondre le premier aux grandes et profondes questions que l’humanité pensante s’est posées dans tous les siècles, en face des silencieuses énigmes du Ciel étoilé.

Un traité technique expose ce que nous savons ; la méthode historique nous apprend comment les choses ont été apprises. Il y a ici un avantage, les progrès