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ANCIENNES OBSERVATIONS. — W. HERSCHEL.

nome signale sur Mars au point de vue de sa constitution physique. On ne parle pas encore des taches polaires blanches déjà visibles sur les dessins de Huygens et surtout sur ceux de Maraldi ; on ne les assimile pas encore à des glaces soumises à l’influence des saisons ; on remarque l’inclinaison de l’axe sans pouvoir encore la mesurer. Le progrès subit un temps d’arrêt qui va être rapidement réparé.

XXII. 1777, 1779, 1781, 1783. — William Herschel[1]

L’illustre astronome s’est spécialement occupé de la planète Mars pendant les oppositions de 1777, 1779, 1781 et 1783 et a publié ses observations en deux mémoires ayant pour titre, le premier, Astronomical observations on the rotation of the planets, etc. ; le second, On the remarkable appearances at the polar regions of the planet Mars, the inclination of its axis, etc. Ces observations sont accompagnées de dessins que nous publions plus loin. Dans ces deux mémoires, le but de William Herschel a été spécialement l’étude de la durée de rotation et des variations polaires : la géographie de Mars y est à peine étudiée, la plupart de ces dessins étant de simples esquisses. On croit pourtant y reconnaître quelques-unes des principales mers visibles ; ces croquis, comme les précédents, plaident également en faveur de variations, dans les taches sombres aussi bien que dans les claires.

Les instruments dont il se servit pour cette étude étaient très supérieurs en puissance à ceux qui avaient été employés jusque-là. L’aspect, la blancheur et la variation des taches polaires le conduisent à conclure que ces taches représentent des masses de glaces et de neiges accumulées vers les pôles et il attribue leurs variations à l’influence dissolvante des rayons solaires auxquels elles sont exposées pendant la révolution de la planète le long de son orbite. Observés avec soin par lui, les changements qui arrivèrent dans ces taches apportèrent une confirmation immédiate et ponctuelle à ces vues. Ainsi, pendant l’année 1781, la tache polaire australe se montra très étendue, ce à quoi l’observateur s’attendait, puisque ce pôle venait de demeurer pendant douze mois dans une nuit perpétuelle. En 1783, cette tache était devenue considérablement plus petite et on la vit continuer de décroître pendant toute la série des observations, depuis le 20 mai jusqu’au milieu de septembre. Pendant cet intervalle, le pôle austral avait déjà reçu pendant huit mois le bénéfice de l’été et continuait encore de recevoir les rayons

  1. Philosophical Transactions for 1781, vol. LXXI, Part. I, page 115. — Id., for 1784, vol. LXXIV, Part. II, page 233.