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LA PLANÈTE MARS. — RÉSUMÉ.

selle et éternelle, en face de la sublime Vérité, en face du but même de la création. La Terre devient une province de l’Univers et nous sentons des frères inconnus dans les autres patries de l’Infini !

Et puis, peut-être s’ajoute-t-il à ce sentiment celui de la beauté et de la grandeur des conquêtes de l’Astronomie moderne. La nouveauté a toujours pour nous un attrait particulier. C’est la première fois, depuis l’origine de l’humanité, que nous découvrons dans le Ciel un nouveau monde, assez semblable à la Terre pour éveiller nos sympathies, c’est la première fois qu’un Ouvrage tel que celui-ci a pu être conçu et réalisé, et bien des années se passeront sans doute avant que l’étude positive puisse acquérir sur notre autre voisine, la planète Vénus, des notions aussi complètes que celles que nous venons de passer en revue sur ce monde de Mars.

Mais quelles merveilles la Science de l’avenir ne réserve-t-elle pas à nos successeurs, et qui oserait même affirmer que l’humanité martienne et l’humanité terrestre n’entreront pas un jour en communication l’une avec l’autre ! Les générations passeront et le Progrès continuera longtemps encore sa marche ascendante.

Pour nous, dont les débuts, en notre adolescence, dans la carrière scientifique et littéraire, ont été précisément la défense de la doctrine de la Pluralité des Mondes, et qui avons consacré notre vie entière à montrer que le but de l’Astronomie ne s’arrête pas à la Mécanique céleste, mais doit s’élever jusqu’à la connaissance des conditions de la vie, actuelle, passée ou future, dans l’immense Univers, nous sommes heureux d’avoir assez vécu pour assister à la naissance et au développement de l’Astronomie physique, pour contempler de nos yeux un premier monde exploré dans les cieux, et pour avoir eu le privilège d’en écrire l’histoire. Puissent nos lecteurs avoir partagé la même satisfaction que nous, en assistant à cette évolution de la Science : les pages qui précèdent ne sont qu’un humble et grossier prélude des découvertes que le Progrès réserve à nos successeurs.

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