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RÉSUMÉ.

général, exposées à des inondations ou à des bancs de brumes bordant les eaux. Il semble que les mers soient peu profondes.

49. Le diamètre de Mars est près de moitié plus petit que celui du globe terrestre et mesure 6 753 kilomètres. Les eaux occupent environ 66 millions de kilomètres carrés et les terres 77 millions. La surface habitable paraît être cinq à six fois celle de l’Europe.

50. Le Soleil y est vu un peu plus petit que d’ici : 21′ au lieu de 31′.

51. Deux lunes minuscules circulent rapidement dans son ciel.

52. Ce globe est plus ancien que la Terre et paraît presque complètement nivelé. L’hémisphère boréal est, toutefois, plus élevé que l’hémisphère austral. On n’y a pas reconnu de grandes chaînes de montagnes, mais seulement plusieurs plateaux assez élevés.

53. Les canaux doivent être dus à des fissures superficielles produites par les forces géologiques ou peut-être même à la rectification des anciens fleuves, par les habitants, ayant pour but la répartition générale des eaux à la surface des continents.

54. Il est possible que ce monde soit actuellement habité par une espèce humaine analogue à la nôtre, plus légère, sans doute, plus ancienne et qui pourrait être beaucoup plus avancée. Toutefois il doit exister entre les deux mondes des différences originaires essentielles. Quant à la forme organique des « humains » comme à celles des animaux, végétaux ou autres êtres qui peuvent peupler cette planète, nous ne possédons encore aucun élément suffisant pour faire à cet égard des conjectures plausibles scientifiquement fondées. Mais l’habitation actuelle de Mars par une race supérieure à la nôtre est très probable.

Il y a dans la vie des heures charmantes, des sensations fort agréables, des plaisirs délicieux, d’immenses joies, des bonheurs qui touchent au ciel et des voluptés exquises. Eh bien, parmi ces heures d’enchantement, il en est peu qui donnent à l’âme une satisfaction plus complète, une émotion plus noble et plus élevée, que l’observation des aspects de la planète Mars pendant une pure soirée d’été. C’est un regret que si peu d’humains connaissent cette impression. Voir devant soi un monde, un autre monde, avec ses continents, ses mers, ses rivages, ses golfes, ses caps, ses îles, ses embouchures de fleuves, ses neiges éblouissantes de blancheur, ses terres dorées, ses eaux sombres, placé là devant vous, au bout de votre télescope, tournant lentement sur lui-même, donnant le jour et la nuit à ses diverses contrées, faisant succéder le printemps à l’hiver, l’été au printemps, nous offrant en miniature la vue de la Terre dans l’espace… il y a là une contemplation qui nous transporte en face du plus grand des mystères, celui de la Vie univer-