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CHANGEMENTS ACTUELLEMENT OBSERVÉS.

lièrement remarquable, c’est que, par suite de ces variations, la mer du Sablier paraît reproduite quelquefois exactement à 95° de distance à droite par l’embouchure de l’Indus, et également, d’autre part, à 40° de distance à gauche par l’allongement de Syrtis Parva, comme déjà nous l’avons vu par les dessins de Schrœter, de sorte que cette forme paraît répétée trois fois au moins, en certaines années.

Il est bien difficile de se refuser à admettre que les « canaux » qui varient Fig. 294.

Lac formé par l’intersection de plusieurs canaux.
ainsi représentent quelque élément mobile. Ils aboutissent tous, sans exception, par leurs deux extrémités, à une mer, à un lac ou à un canal, et, par conséquent, l’eau ne doit pas y être étrangère. Aux points d’intersection où ils se rencontrent, on remarque souvent une tache qui donne absolument l’idée d’un lac, comme le montre la fig. 294. L’aspect de ces nœuds change d’une manière analogue à ceux des canaux, se dédoublant avec eux, et dans le même sens. De plus, on voit quelquefois pendant l’hiver de longues traînées de neige traverser ces lignes : or, ces neiges sont fondues là comme le ferait la neige en tombant sur de l’eau.

Auraient-ils pour origine des crevasses géométriques dues à quelque procédé naturel dans la formation du globe de Mars ? Peut-être ; mais des crevasses seules, même remplies d’eau, n’expliqueraient pas les variations observées.

Les canaux sont quelquefois complètement invisibles, dans les meilleures conditions d’observation. Cette disparition arrive de préférence vers le solstice austral de la planète.

Leur largeur est très différente. Ainsi le Nilosyrtis mesure quelquefois 5° ou 390 kilomètres de largeur, tandis que d’autres mesurent moins de 1° ou de 60 kilomètres.