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CHANGEMENTS ACTUELLEMENT OBSERVÉS.

Il est donc, reconnaissons-le, extrêmement difficile, pour ne pas dire impossible, d’expliquer ces transformations par les forces naturelles que nous connaissons. Mais c’est peut-être ici le lieu de remarquer que nous ne connaissons pas toutes les forces de la nature, et que des choses très proches de nous restent souvent ignorées. Les habitants des tropiques qui viennent à Paris en hiver pour la première fois, et qui n’ont jamais vu d’arbres sans feuilles ni de neige, sont stupéfaits de nos climats. C’est une curiosité toute nouvelle pour eux de prendre dans leurs mains de l’eau solidifiée, de cette éclatante blancheur, et ils doutent un instant que ces squelettes tout noirs des arbres doivent, quelques mois plus tard, être couverts d’un luxuriant feuillage. Supposons un habitant de Vénus n’ayant jamais vu de neige. Arriverait-il, en observant la Terre, à comprendre ce que sont les taches blanches qui recouvrent nos pôles ? Certainement non. Nous le pouvons, nous, habitants de la Terre, pour les neiges de Mars. Mais nous ne nous expliquons pas ces variations de rivages, ces déplacements d’eaux, ces canaux rectilignes et leurs dédoublements, parce que nous n’avons ici-bas rien d’analogue.

E. — Changements dans les canaux.

Fig. 289. Fig. 290.
 
 
Fig. 291. Fig. 292.
Changements dans le cours des fleuves ou canaux.

Considérons encore les petites cartes ci-dessus (fig. 289 à 292). En 1877, la mer du Sablier était très étroite, et aucun canal n’a été vu dédoublé. On en