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LA PLANÈTE MARS.

Fig. 268. Fig. 269.
Dessin de Mars fait par M. Holden,
à l’Observatoire Lick, au grand équatorial,
le 27 juillet 1888, à 8h 0m (a, île blanchâtre).
Dessin de Mars fait par M. Keeler,
au même Observatoire et au même instrument,
le même jour, un quart d’heure après.

Ces exemples, qu’il est superflu de multiplier, prouvent à n’en plus pouvoir douter, que chaque observateur voit selon sa rétine et dessine à sa façon, et que nous ne devons pas prendre leurs dissemblances de dessins pour des changements réels arrivés à la surface de la planète[1].

À ces différences d’observations personnelles, il convient d’ajouter tout de suite ici celles qui peuvent être imputables aux instruments.

II. — Différences instrumentales.

Les instruments jouent, en effet, un rôle qui n’est pas sans importance.

Et d’abord, même avec nos instruments modernes, dont le pouvoir de définition est fort supérieur à celui des anciens, nous ne voyons presque jamais nettement les détails que nous avons le désir de représenter. Les contours ne sont pas précis, les images sont plus ou moins vagues. Nous essayons de dessiner aussi fidèlement que possible ce que nous voyons, mais les nuances, les tons, les contours, les détails ne peuvent être identiquement rendus. Comme cependant il faut que nous définissions notre dessin, il y a là une cause inévitable de divergences plus ou moins marquées.

  1. La vue de chaque observateur joue un grand rôle. Pour moi, par exemple, qui lis parfaitement l’heure à minuit aux fines aiguilles de ma montre, à la seule clarté des étoiles, et qui suis un peu myope, je ne distingue rien nettement de loin, tandis que d’autres yeux sont dans un cas diamétralement contraire. Le meilleur observateur d’étoiles doubles que nous ayons, M. Burnham, qui a découvert tant de couples serrés à moins d’une seconde, n’a jamais pu voir les nébuleuses des Pléiades, etc.