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LA PLANÈTE MARS.

et celle-ci ne peut jamais atteindre celle de Mars. Cette planète est donc un excellent type à étudier comme contrôle. Justement, c’est aussi son hémisphère austral qui a son été au périhélie, et son hiver à l’aphélie qui a son été le plus chaud et le plus court, son hiver le plus long et le plus froid.

La théorie dont nous parlons admet que le pôle sud terrestre se refroidit d’année en année, parce qu’il a huit jours de moins de soleil par an. Pour Mars, la différence s’élève à 74 jours. On pourrait penser, en effet, que l’été plus court que l’hiver ne suffit pas pour fondre entièrement les glaces formées au pôle sud pendant l’hiver. Or, il n’en est rien, comme nous venons de le voir. La calotte polaire australe est aussi complètement fondue, après son été, que la boréale après le sien. Il n’en reste qu’un résidu de 120 kilomètres de large, excentriquement au pôle, et sans doute sur une île.

Comme sur la Terre, le solstice austral de Mars est voisin du périhélie.

La demi-révolution de la ligne des apsides terrestres s’effectue en 10 500 ans ; le solstice d’été austral — et, par conséquent, le solstice d’hiver boréal, — est arrivé au périhélie en l’an 1248 de notre ère. Sur Mars, la demi-révolution de la ligne des apsides s’effectue en 9866 de ses années. Sur ce temps, il y a (en 1892), depuis la dernière position égale des saisons, 4235 années martiennes d’écoulées ; il en reste 5631 jusqu’à la prochaine. Actuellement, le solstice d’été de l’hémisphère austral de Mars arrive 36 jours après le périhélie, à la longitude héliocentrique 357°, la longitude du périhélie étant 334°.

Le froid de l’hiver au pôle sud de Mars doit être de beaucoup supérieur à celui du pôle terrestre. La nuit polaire y est presque double de la nôtre ; elle dure 338 jours, au lieu de 182, et l’air y est sans doute de moitié moins dense. Eh bien, en quelques mois, à la suite du solstice d’été, cette neige est fondue.

Cette fonte des glaces pourrait être attribuée, pour le pôle austral, aux eaux plus ou moins tièdes de la mer et à des courants marins analogues à notre Gulf-Stream ; mais cette explication ne s’appliquerait pas au pôle nord, puisqu’il n’y a point là de vaste mer. Nous sommes autorisés à penser qu’il y a moins d’eau et moins de vapeur d’eau sur Mars que sur la Terre, moins de nuages, une moindre quantité de neiges, et que l’épaisseur des glaces y est beaucoup moindre qu’ici. Peut-être aussi, la durée de l’été, du double plus longue que sur la Terre, suffit-elle amplement pour fondre toutes les glaces. Il y a des limites à la production des neiges ; tandis que le Soleil reste pendant près d’un an au-dessus de l’horizon de chaque pôle.

En résumé, l’analogie climatologique avec la Terre ressort de toutes les observations, et l’étude de la planète Mars apporte des lumières particulières à la connaissance générale de notre propre globe.